Coupe du Monde 2022 : la CONCACAF verrouille ses mondialistes

Qatar 2022

Mercredi, quelques jours après la fin de la Gold Cup, la CONCACAF a annoncé une refonte de son système de qualification pour la Coupe du Monde. Et mis en place un nouveau système qui favorise les géants.

Jusqu’ici, la course à un billet mondial pour les membres de la CONCACAF se faisait en quatre tours. Un premier qui voyait s’affronter en aller-retour les nations classées entre les 22e et 35e rang de la zone selon le classement FIFA et permettait ainsi d’envoyer sept équipes au second tour où elles étaient rejointes par les équipes occupant les places 9 à 21 de la zone. Ces vingt équipes s’affrontaient également en aller-retour avant un troisième tour de qualification où elles étaient rejointes par deux membres (les 7e et 8e de la zone). Cela permettait de qualifier six équipes pour l’avant-dernier tour au cours duquel les géants de la zone entraient en piste. Ces six meilleurs élèves et les six qualifiés étaient donc répartis en trois groupes de quatre qui envoyaient les deux premiers à l’hexagonal finale, celui qui décidait de tout. Ce système avait ses avantages et ses inconvénients, mais il permettait tout de même aux « petits » devenir titiller les géants que sont Mexique, Costa Rica ou USA. Ce système est donc désormais à oublier.

Ce mercredi, la CONCACAF a ainsi annoncé avoir modifié son mode de qualification et a mis en place un système largement plus protecteur pour les géants (comprendre les six meilleures équipes de la zone).

Pour se qualifier à Qatar 2022, ces six équipes vont débuter par un hexagonal direct qui enverra les trois meilleurs à la Coupe du Monde (après donc 10 matchs). Le quatrième aura une deuxième chance, les deux derniers seront éliminés. La chance pour la quatrième, c’est qu’il s’offrira un barrage face à une équipe qui aura connu un autre parcours. Car pour les équipes de la zone classées de la 7e à la 35e place (toujours selon le classement FIFA), l’affaire sera différente. Les 29 équipes seront réparties en huit groupes (cinq groupes de quatre, trois groupes de trois) qui qualifieront les vainqueurs de ceux-ci (après des matchs aller-retour). Ces huit vainqueurs s’affronteront ensuite selon un tournoi à élimination directe (quarts de finale, demi-finales, finale, toujours en aller-retour). Le vainqueur du tournoi ira ainsi défier le quatrième de l’hexagonal en aller-retour pour la dernière place, celle qui ouvre au barrage intercontinental.

Pour les géants, c’est donc un tour seulement pour décrocher une place en Coupe du Monde et une qualification en dix matchs quand un pays hors top 6 peut avoir besoin de quatorze matchs pour aller à la Coupe du Monde. Il répond aussi à une contrainte calendaire visant à réduire la durée des éliminatoires. Là où tout avait commencé en novembre 2015 pour le quatrième tour de qualification à Russie 2018, offrant ainsi une campagne de près de deux ans aux géants (dernier match de l’hexagonal – cinquième et dernier tour – en octobre 2017), les choses sérieuses débuteront en septembre 2020 pour Qatar 2022 et se termineront en septembre 2021 pour les trois premiers qualifiés, en octobre 2021 pour le dernier qualifié, soit une campagne d’environ un an seulement. Mais là n’est pas le principal problème avec ce nouveau format.

Car celui-ci divise la zone et voit les géants jouer de leur côté, les « petits » de l’autre. Il va donc non seulement nous priver de duels entre les Mexique, USA ou Costa Rica avec les émergents que sont des Curaçao, Haïti, ou des valeurs sûres en matière de piège comme Panamá, Canada, Trinidad y Tobago. Il créé aussi un gouffre entre faire partie du top 6 de la zone et ne pas en faire partie. Pour poser les choses plus simplement, trente-cinq équipes vont se battre pour 0.25 place, quand le top 6 se battra pour trois places. Mais surtout, le format repose sur l’utilisation d’une méthode de classement injuste pour la répartition des équipes : le classement FIFA.

Un classement qui voit par exemple Panamá reculer ces derniers mois notamment car ses derniers adversaires avant la Gold Cup se nomment Brésil, Uruguay et Colombie, alors que pendant ce temps, un Salvador, devenu sixième, ou une Jamaïque, cinquième, n’ont joué principalement que des équipes de la zone et/ou de leur niveau. Pour la course à la Coupe du Monde, le classement utilisé sera celui publié en juin 2020. Suffisant pour laisser du temps et corriger le tir direz-vous ? Occupant respectivement les places 7 à 11,

Panamá, Canada, Curaçao, Trinidad and Tobago et Haïti, vont désormais devoir engranger des points en Nations League pour espérer doubler Salvador et Jamaïque. Seuls souci pour eux, s’ils sont tous membres de la Ligue A, celle qui les voit croiser les géants de la zone, Salvador et Jamaïque sont eux membre de la Ligue B. Ainsi, quand Panamá devra se frotter au Mexique, ou quand Haïti et Curaçao s’écharperont avec le Costa Rica, Salvador et Jamaïque auront des adversaires se nommant Sainte-Lucie, Aruba ou encore Antigua and Barbuda. Difficile de les voir vraiment chuter…

Nicolas Cougot du magazine Lucarne opposée

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