Ils étaient des dizaines à manifester en faveur du ministre Evans Lescouflair, le jeudi 7 octobre 2010, au parquet de Port-au-Prince.
En tenue décontractée (chemise manches courtes, bleu clair, style safari), le ministre de la Jeunesse aux Sports et Action Civique, M. Evans Lescouflair, s’est présenté au parquet de Port-au-Prince, le jeudi 7 octobre 2010. Au cri de vive Lescouflair, il a été acclamé par ses partisans.
Accompagné de ses trois avocats, Samuel Madistin, Bernard Gousse et Champagne Cardichon, le ministre Lescouflair est arrivé au parquet aux environs de 1 h 45 p.m. Puis il a été invité au bureau du chef du parquet, Me Harrycidas Auguste. Avec le calme qu’on lui connaît, le ministre des Sports a répondu aux questions relatives aux faits de viol qui auraient été perpétrés sur un ancien employé du ministère qu’il dirige.
L’audition a failli être perturbée par des supporters venus de Bel-Air, de Solino, de Simond-Pelé, de Cité Soleil donner leur appui au ministre Lescouflair. Ils ont posé des actes de vandalisme en brisant des chaises appartenant au barreau de Port-au-Prince, des lames de vitres au local du parquet, proféré des menaces aux parquetiers. On a dû fermer la porte principale de l’institution de poursuite pour les empêcher de pénétrer à l’intérieur du local. Et si les portes n’étaient pas en fer forgé, ils auraient fait irruption dans le local placé sous surveillance policière. Les agents de sécurité du parquet en avaient ras-le-bol pendant les heures d’audition. Pour éviter tout dérapage, ils ont fait la chose la plus simple : garder les portes fermées en vue d’assurer la sécurité du bâtiment.
Mais ce qui paraît bizarre, c’est qu’aucun de ces supporters n’a été arrêté, interrogé pour les actes de vandalisme perpétrés sur les matériels du barreau de Port-au-Prince. Alors que ces partisans zélés auraient dû être tenus à l’écart pour éviter d’enregistrer des dégâts. « Pou Lescouflair pa gen anyen nou pap fè nan pòtoprens e nan tout peyi a », ont déclaré les manifestants.
« Arete Youri Latortue, libere Lescouflair ». Ce sont ces mêmes propos et peut-être pire qu’on peut lire sur les murs et sur les tentes placés dans la cour du parquet, occupées par des sinistrés du séisme du 12 janvier 2010.
Des bruits, des vacarmes à n’en plus finir, perturbant ainsi l’ambiance de travail des employés du parquet et même ceux du bureau de l’état civil de la section ouest. Ces employés ont vidé les lieux, craignant d’être les victimes de ces hommes sans foi ni loi attachés au ministre Lescouflair. Tout pouvait arriver de la part de cette foule en délire scandant : « Konplo sa pap pase ». Une audition déroulée sou forte pression populaire.
Au nombre de quelques dizaines, ils avaient occupé la zone bien avant l’arrivée du ministre Lescouflair. Déjà dans la matinée, on avait remarqué des jeunes aux abords et à l’intérieur du parquet. Ils se déclaraient partisans du ministre Lescouflair. Dans l’après-midi, ils ont été remplacés par des hommes de terrain (passe-partout) qui étaient venus remplir leur mission. Après plusieurs heures d’audition sous fond de vacarme, de tohu-bohu et de désordre planifié, organisé, le parquet a décidé de classer le dossier sans suite, faute de preuve. Car les faits de viol se seraient produits le 2 janvier 2010, alors que le certificat médical a été délivré sept mois plus tard, soit au mois d’août 2010.
Le commissaire du gouvernement, Me Harrycidas Auguste, se rendant compte du caractère fantaisiste du dossier, a décidé de prendre cette décision. Toutefois il peut ressurgir en cas de faits nouveaux, fait-il savoir.
Constatant la faiblesse du dossier, les avocats du ministre Lescouflair ont à leur tour déposé une plainte contre le médecin qui avait délivré le certificat médical. Soulignons que la plainte du conseil de la défense se base sur le rapport d’expert, qui contredit le certificat médical émis en faveur du plaignant.
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