Former les moniteurs d’initiation au football en secourisme afin qu’ils soient prêts à intervenir en cas de pépins sur un terrain de foot, c’est l’objectif visé par le Club Sportif Saint-Louis qui a décidé d’ajouter une formation en secourisme au CV de ses moniteurs. Secourisme,dites-vous? Mais quel rapport avec le football ?
Ils sont au nombre de vingt-cinq, les moniteurs qui travaillent à l’initiation desball dans les quartiers défavorisés. Ils étaient formés en vue d’intervenir dans le cadre sportif. Désormais, ils savent aussi que les enfants qui viennent s’initier au football peuvent aussi être victimes de n’importe quel accident nécessitant leur acheminement à l’hôpital dans des conditions optimales. Est-ce la raison pour laquelle le Club Sportif Saint-Louis, a décidé d’offrir une formation en secourisme à ses moniteurs du 9 au 20 décembre 2019.
Un contenu copieux
«Histoire de la Croix-Rouge», «ce qu’est et ce que n’est pas le secouriste», son comportement face à une personne en danger sont entre autres les différents points touchés par les formateurs. Emballer, étiqueter, expédier la personne en danger vers l’hôpital la plus proche sont les 3 « e » à respecter par le secouriste qui doit se rappeler qu’il n’est pas médecin et qu’il n’aide une personne en danger que dans le but de lui sauver la vie en lui apportant les premiers secours en attendant qu’elle parvienne à l’hôpital où les médecins assureront le relai.
Les questions pleuvent ici et là après chaque module. «comment empêcher que le cas d’une victime ne s’aggrave quand on ne dispose de rien » demande cette monitrice de sport un peu alarmée vis-à-vis de ses responsabilités face à une personne en détresse alors qu’elle est secouriste. « Nous n’allons pas vous laisser complètement désarmé. Nous allons à la fin de la formation donner un kit de secours à chacun de vous», lui répond l’un des dirigeants du Club Sportif Saint-Louis, Évans Lescouflair sous les yeux du conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France en Haïti, Pascal Ajaali.
Comme une formation à la vie citoyenne
«Dans un pays où l’accès aux soins de santé est difficile dans les quartiers défavorisés, comme Haïti, il est normal qu’un moniteur qui travail avec des enfants sur des terrains pas en très bon état soit en mesure d’intervenir en cas d’urgence. C’est un comportement citoyen que de pouvoir porter efficacement les premiers secours dans une situation d’urgence. Certes, les moniteurs et monitrices ici présents savent qu’ils ne sont pas médecins et on a beaucoup insisté là-dessus. Ils devront connaître leurs limites, tout en faisant méthodiquement, le geste qui sauve», ajoute l’ancien ministre des Sports à notre micro.
«Il faut aussi reconnaître que ces jeunes moniteurs qui font office de leaders dans leur quartiers respectifs seront aussi utiles dans ces zones où ils pourront intervenir en cas d’urgences et sauver des vies. Dans un pays comme Haïti où les routes sont difficiles et où les accidents pullullent, on devrait même faire de la formation en secourisme une obligation à l’école pour que chaque jeune soit en mesure d’intervenir en cas d’urgence. Je suis sûr que si la population était mieux formée en ce sens, il y aurait eu beaucoup moins de décès suite à des accidents de motos dans les rues», croit-il bon d’ajouter.
La formation des vingt-cinq moniteurs de sport en matière de secourisme est assurée par la Croix- Rouge Haïtienne. Mais c’est la direction de la Coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France qui supporte le projet en finançant le coût des kits de santé (43 dollars US l’unité) qui leur seront distribués. « Le football est un vecteur d’unité et de citoyenneté. Il est un prétexte aussi pour faire de l’éducation civique, puisque l’enfant qui apprend le football apprend aussi à respecter les règles», ajoute le conseiller de Coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France en Haïti, Pascal Ajaali.
«L’enfant qui apprend le football apprend du même coup à se soumettre aux mêmes règles qui régissent ce sport dans quelquesoit le pays où ce sport est pratiqué», continue-t-il, comme pour rappeler que dans quel que soit le contexte, un enfant initié à la pratique sportive est moins sujet à problème pour la société que celui qui n’est pas initié.
Enock Néré
lenouvelliste.com