Premier sélectionneur à qualifier l’équipe haïtienne féminine senior à une phase finale de Coupe du monde, Nicolas Delépine fait l’objet de nombreuses critiques suite aux deux défaites des Grenadières lors des deux premières journées du Mondial océanien 2023, respectivement contre la sélection anglaise et celle de la Chine sur le même score : 1-0. Cependant, le pointage du droit doit-il être fait uniquement sur Delépine ? Y-a-t-il d’autres personnalités à indexer ?
Lors de la première journée, Haïti avait livré une belle prestation contre les Anglaises. Si en attaque, des actions ont été mal exploitées, l’équipe haïtienne a été solide sur le plan défensif. Après la blessure de Claire Constant à quelques jours de la Coupe du monde, Nicolas Delépine et son staff ont su créer une alchimie entre Jennyfer Limage et Tabitha Dougenie Joseph. Malgré la blessure de la première citée où Kethna Louis l’avait remplacée en défense centrale, la défense n’était pas effondrée. Là, le mérite revient à qui ? La charge des fautes techniques des joueuses sur les pelouses, est-ce entièrement sa faute ?
Pour la deuxième rencontre, la sélection haïtienne a débuté dans un bloc bas. N’était-ce pas normal pour une équipe haïtienne qui était inférieure aux Chinoises ? Doublure de Melchie Daëlle Dumornay, Maudeline Moryl a dû commencer le match à sa place. Était-ce un choix bizarre ? Lots de l’évolution du jeu, les observateurs pouvaient voir que la Grenobloise n’était pas dans le coup. Certains gens ont appelé à un changement à la demi-heure de jeu lors de l’expulsion de Zhang Rui suite à une faute flagrante sur Sherly Jeudy. Etait-ce nécessaire de risquer Corventina Dumornay qui avait des blessures musculaires pendant que Jeudy se débrouillait au milieu du terrain ?
En deuxième période, Melchie Daëlle Dumornay a apporté beaucoup plus de vivacité et a étiré le jeu haïtien. Nicolas Delépine avait une part de responsabilité dans la débâcle qui s’était posée dans l’entrejeu de la sélection haïtienne. Il n’a pas apporté de grands changements dans le dispositif de l’équipe. En attaque, il y a eu trop de laisser aller. L’organisation offensive de l’équipe haïtienne a eu des limites et le plus souvent les joueuses en attaque ont trouvé le ballon très bas, ce qui a rendu difficile leur épanouissement. Là, le sélectionneur devrait insérer sa touche. Mais, l’équipe entraînée par Nicolas Delépine est limitée, il faut le reconnaître.
LES CHANGEMENTS OPÉRÉS PAR NICOLAS DELÉPINE
Au début de la seconde période, Maudeline Moryl a cédé sa place à Melchie Daëlle Dumornay. Ce fut le bon moment pour que la meilleure joueuse de l’équipe fasse son entrée à la place d’une des joueuses du milieu qui n’était pas dans le coup. Quatre minutes après l’heure de jeu, Batcheba Louis a été remplacée par Roseline Eloissaint.
Pas si mauvaise dans la rencontre, le changement pourrait être opéré sur une autre joueuse. Batcheba Louis était la deuxième joueuse dans la ligne offensive à réussir plus de passes, meilleure joueuse en attaque en terme de duels remportés (14/21 au total), co-meilleure joueuse avec Sherly en termes de moins de perte de ballons et elle avait apporté son grain de sel lors des transitions défensives.
A neuf minutes de la fin du temps réglementaire, Dayana Pierre-Louis et Ruthny Mathurin cédèrent leur place à Danielle Etienne et Chelsea Surpris. De là étant, une preuve de réalité tactique a été faite par l’ancien entraîneur de la section féminine du Grenoble Foot 38. Kethna Louis qui était en défense centrale s’est muée comme latérale gauche et Bethina Petit-Frère l’a remplacé en défense centrale pour que Chelsea Surpris puisse s’occuper de l’aile droite en défense. Et en attaque ? Nicolas Delépine, n’a pas affiché ses idées d’attaques. Sans innovation, le Francais n’a rien montré. En supériorité numérique pendant environ 60 minutes, il y a eu beaucoup de manques du côté du staff technique.
A la 89e minute, Shwendesky Joseph a remplacé Sherly Jeudy. Pour certains, ce changement a été opéré très tard. Mais beaucoup se jettent dans l’euphorie de Shwendesky sans pouvoir dire ce qu’elle pourrait apporter sur la pelouse, alors que des journalistes haïtiens présents du côté de l’Australie ont l’habitude de dire que la tendance est peut-être Florsie Darlina Joseph.
HAÏTI, PETIT POUSSET DU GROUPE D
L’équipe haïtienne n’est favorite sur aucune équipe dans le groupe, point à souligner. La 53ème place du classement mondial de la FIFA est occupée par Haïti, les autres écuries partageant le même groupe qu’elle, sont dans le top 15 du classement. Contre la sélection chinoise, l’équipe haïtienne a gardé son organisation, à un degré moindre comme contre l’Angleterre, mais elle l’a quand même gardée. Le fait de débuter à la défensive contre des nations supérieures, beaucoup plus expérimentées, ce n’est pas un défaut en soi. Néanmoins, par moment, la pression pourrait être mise sur elles.
Des actions loupées par des joueuses haïtiennes ont empêché jusqu’ici un but de la sélection haïtienne à la Coupe du monde. Au moins, trois face-à-face sont ratés sur les deux matches. Contre la Chine, des pénaltys n’ont été accordés à la sélection bleue et rouge en fin de partie. L’arbitre principale de la rencontre, Marta Huerta de Aza a fermé les yeux sur une action claire et nette où la défenseure chinoise a empêché à Roseline Eloissaint de prendre le contrôle du cuir tout en la frappant. Sur ces entrefaites, les joueuses de l’équipe, l’arbitrage moyen contre la Chine sont également des causes des revers des Grenadières.
DESCENTE AUX ENFERS DU FOOTBALL EN HAÏTI
Il n’y a aucune organisation pour que le football reprend droit dans le pays depuis le mois de mai 2021. Le Comité de Normalisation pratique le remplissage et n’a même pas l’idée de recommencer avec le championnat national à travers le pays. Aucune structure n’est mise en place dans le football haïtien et le public haïtien s’en prend totalement à Nicolas Delépine. Le problème d’Haïti, est-ce un problème de coaching ? Y-a-t-il tellement de disposition mise en place que c’est la touche de l’entraîneur qui fera le dernier boulot ?
Le coach vivement critiqué a amené une colonie de joueuses haïtiennes au sein du Grenoble Foot 38, après deux défaites en Coupe du monde, beaucoup remettent en doute sa capacité. Les mauvaises négociations des Grenadières lors des actions offensives, l’infériorité d’Haïti face à ses homologues du groupe D, les mauvaises décisions des arbitres lors de la deuxième partie, le football haïtien qui est en « decrescendo » sont conjugués avec de mauvais choix de Nicolas Delépine lors des duels pour accoucher les deux défaites des Haïtiennes à la Coupe du monde féminine Australie / Nouvelle-Zélande 2023. Les choses à signaler doivent être signalées mais se jeter complètement sur Nicolas Delépine, c’est un petit peu de mauvaise foi.
John Sterlin CELESTIN / totalmixradio.com