Ce n’est un secret pour personne : « Les dirigeants du football en Haïti sont des seigneurs dans l’art de gaspiller le temps ». C’est incontestable, car les preuves sont là. Ils ont toujours des projets qu’ils entassent fréquemment dans des tiroirs aux oubliettes…
Des fois, ils s’arrangent pour concrétiser certains projets. Mais, dans la majeure partie des cas, ils se comportent de façon désordonnée, à un point tel qu’ils ne font que prolonger la balle dans le camp de ceux qui couvent le négativisme et le défaitisme. Ce qui renforce du même coup les rangs des sceptiques.
En partant de ces considérations, le problème d’organisation des compétitions ou d’orientation des jeunes reste entier. C’est la résultante d’une carence structurelle qui prend la forme d’une plaie chronique. Toute la charpente du football haïtien est donc à refaire. Et ce n’est pas le malheureux conflit actuel qui peut apporter la ou les solutions.
En revanche, ce conflit peut servir de catalyseur à la recherche de voies et moyens pour sortir de l’immobilisme enfanté par la crise. Car, espérons-le, cela constituera une leçon pour les futurs dirigeants de la FHF, qui sauront où ils doivent déposer leurs pieds pour éviter d’enfanter un autre vide compétitif qui pénaliserait à nouveau nos footballeurs. L’immobilisme en tout nuit.
À ma connaissance, de 1960 à nos jours, toutes les formations fédérales, à l’exception de celles dirigées par les regrettés Jean Vorbe et Jean Woël, accusent un bilan négatif. Certaines d’entre elles eurent un bon départ, pour se laisser finalement déborder par les « professionnels de la déviation » qui ont tout dans leur valise, sauf la boussole indiquant la bonne direction. Résultat : « le football haïtien se trouve aujourd’hui sur un toit brûlant ».
Pour cela, la restructuration, ou plutôt la structuration doit passer par les canaux suivants :
a) Une relation étroite entre l’État et la FHF
b) Une nouvelle politique d’orientation
c) Une efficace coordination des compétitions à tous les niveaux
d) Présence régulière sur la scène internationale
e) Le bon fonctionnement de toutes les composantes de la FHF
f) La participation effective du secteur privé.
Ainsi, les dirigeants sportifs de bonne volonté du secteur foot doivent suivre les traces de Jean Vorbe et de Jean Woël, en vue de déblayer certaines voies que la discorde et la confusion ont rendu impraticables.
Raymond Jean-Louis
Le Nouvelliste
Jeudi 30 mars 1995
N.B.- Ma plume et mon micro reflètent mon indépendance et mon anticonformisme. Pourtant, certains « zélés soldats » des régimes fédéraux d’hier et d’aujourd’hui me qualifient de détracteur de la FHF. En réalité, c’est un compliment parce que, en ma qualité de journaliste indépendant, c’aurait été pour moi une déception si l’on disait le contraire.
Des adeptes du « couleuvrisme » m’envoient des flèches dans certains couloirs parce que je suis un indétournable « esclave des principes ». À ce titre, comment pourrais-je endosser des dirigeants qui, en violant ou en méprisant les règlements, ont rendu impraticable le « terrain structurel » du football haïtien ? « Le journaliste qui se respecte ne doit pas trahir sa profession, même en échange d’un long séjour au paradis »…
Par Raymond Jean-Louis
(Le Nouvelliste 30 mars 1995)