À cause de la multiplication des saisons maigres ou sèches sur la « planète sportive haîtienne », nos associations ressemblent à des poids plumes ou des poids lourds inoffensifs. Cette remarque touche particulièrement les groupements sportifs qui étalent une certaine raideur, même lorsqu’ils essayent de bouger.
Toutefois, au cours des dernières années, on a noté des actions épisodiques ou isolées. Mais dans certaines zones, on a visiblement oublié qu’il y a plusieurs façons de perdre son temps. On a aussi oublié que le « mal faire » est synonyme de « rien faire ». Car ceux qui progressent à l’envers se trouvent sur la même ligne que les vendeurs de temps au marché des illusions.
Dans certaines régions sportives où le désordre et le fainéantisme crèvent les yeux, on affectionne le vide. De ce fait, on maquille souvent les initiatives des sportifs qui secouent fréquemment les « videurs » pour ralentir la course de l’immobilisme. Car il est difficile de comprendre le sens du combat des adeptes du vide.
Pourquoi certains dirigeants persistent-ils à lutter contre la logique dans certains centres de décision du sport national ? Qu’est-ce qui incite certains responsables à évoluer continuellement à contre-courant des aspirations de la collectivité sportive ? Au sein de la loge des interrogations, l’inquiétude persiste parce que les agissements antisportifs débordent les coulisses pour dévoiler toutes les faces du dos…
Pourtant, à la direction de plusieurs associations sportives se bousculent des dirigeants qui ne sont pas des « bleus » en la matière, puisque représentant pour la plupart des « acteurs » qui ont des idées à revendre. Mais oubliant ou effaçant les pages essentielles de l’histoire ou de la « géographie sportive haïtienne », ils détaillent des idées sombres face aux idées concrètes visant l’ouverture et la concertation. En peu de mots, une « pléiade de têtes pleines transportant des valises vides »…
À plusieurs niveaux du sport national, il est regrettable de rencontrer des gens qui pratiquent l’arrogance pour masquer leur manque de vision. Dans les coulisses, ils trouvent les qualificatifs les plus musclés pour minimiser la portée des entreprises de certains sportifs inconditionnels qui se basent sur l’esprit des lois pour défendre le bien commun.
Leur refus de collaborer est flagrant, car ils ne veulent pas comprendre qu’il n’existe pas de monopole dans la gestion des affaires sportives. Áinsi, les espoirs de redressement sont très minces parce que les déblayeurs et les videurs ferment à double-tour les portes conduisant à l’alliance des forces sportives.
Dans toute société, les lois fixent les droits et les devoirs de chacun. Quand on les survole, les piétine ou les ignore, c’est se foutre des aspirations de la communautê concernée qui avait justement voté ces lois pour éviter de se retrouver de temps en temps dans la jungle. Lorsqu’on les interprète comme des paraboles, c’est promouvoir l’instabilité. Mais quand elles n’existent pas, les abus d’autorité peuvent déboucher sur une catastrophe.
Le sport étant la scène idéale de la démocratie, certaines têtes pleines doivent se rendre à l’évidennce qu’il y a sur le terrain d’autres têtes pleines avec d’autres idées. Sinon, le sport haïtien risque de débarquer des valises vides à la fin de chaque saison.
Raymond Jean-Louis
Le Nouvelliste
Mardi 26 novembre 1996
N.B.- 26 novembre 1996-26 novembre 2024 : « rencontre passé-présent », car cette réflexion de vingt-huit (28) ans, rédigée au figuré, conserve ses feuilles vertes.
Tableau noir et craie grise : c’est le reflet de la production du gros lot des « professeurs » de l’école sportive haïtienne. Hier et aujourd’hui. Quel tableau pour demain ?
Par Raymond Jean-Louis
(Le Nouvelliste 26 novembre 1996)