Pressurés par les exigences physiques de la FIFA et les exigences linguistiques de l’instance suprême du football mondial plusieurs officiels haïtiens pourraient sortir de la liste FIFA à la fin de l’année 2020 assure le responsable de la commission nationale des arbitres, Rosnick Grant. A la longue période de pays-lock ainsi que le Covid-19 qui ne sont pas sans conséquences dans cette histoire s’ajoute la barrière de la connaissance de l’anglais
Il faut parler l’anglais pour faire partie de la liste des officiels de la FIFA. Le président de la Commission Nationale des Arbitres (CONA) en Haïti, Rosnick Grant, ne le dit pas aussi péremptoirement. Cependant, c’est à ses yeux une exigence pour quelqu’un qui aspire à devenir un arbitre FIFA. « L’anglais est la langue de communication des officiels de la FIFA sur le terrain. Maîtriser l’anglais est donc une obligation pour faire partie de la liste des officiels de la FIFA. Une exigence que beaucoup de nos officiels ont du mal à respecter », assure le responsable de la CONA.
Il ne suffit plus de satisfaire les exigences physiques, il faut aussi satisfaire cette exigence linguistique. « Comment un officiel pourra-t-il tenir sa place dans un quatuor d’officiels en étant dans l’incapacité de pouvoir communiquer avec les autres officiels? Il ne s’agit pas d’une exigence faite à Haïti mais à tous les aspirants officiels qui ont l’anglais comme alphabet international à maîtriser, peu importe d’où ils viennent », laisse comprendre M. Grant.
L’inactivité, une autre menace pour la réussite des tests physiques
Contraints de rester inactifs presque depuis septembre alors que leur âge exigerait une activité plus intense pour pouvoir répondre aux exigences physiques des tests de la Fifa, certains officiels haïtiens pourraient voir leur nom disparaître définitivement de la liste FIFA. Conséquence : Haïti pourrait perdre son statut de pays caribéens possédant le quotat d’officiels le plus élevé (14) de la Caraïbe.
« Déjà, il a fallu écrire pour certains officiels en 2019 (une certaine garantie comme le permet la norme quand l’officiel revient d’un certain pépin de santé au moment de l’évaluation physique), pour qu’ils puissent figurer sur la liste de 2020 », reconnaît le responsable de la CONA. Mais la longue période de pays-lock ayant contraint à l’annulation de la compétition nationale a aussi contraint les officiels à rester inactifs sur le plan local même si quelques-uns eurent à s’exercer sur le plan international. Réduits à s’entraîner seulement sans faire de compétition, ils perdent naturellement leur rythme. Et la contrainte d’arrêter la compétition depuis mars à cause du Covid-19 n’est pas pour arranger les choses, d’autant que certains ne sont plus de première fraîcheur.
En effet, 417 officiels haïtiens sont en activité en Haïti et parmi ces 417 officiels :
40 sont nés entre 1967 et 1979, soient des officiels âgés entre 53 ans et 41 ans
135 sont nés entre 1980 et 1989, soient des officiels âgés entre 40 et 31 ans
190 sont nés entre 1990 et 2000, soient des officiels âgés entre 30 et 20 ans.
Sur ces 417 officiels recensés, 111 dont 24 femmes ont suivi au moins un cours FIFA depuis 2010. 66 ayant suivi un cours FIFA sont en activité bien avant 2010. Seulement 45 le sont devenus après 2010. Du coup, sur les 66 officiels en activité avant 2010, certains font partie des 40 nés entre 1967 et 1979 et d’autres font partie de la 2e tranche d’officiels nés entre 1980 et 1989. Des arbitres qui doivent répondre aux critères et exigences physiques de la FIFA pour faire partie de la liste. ont beaucoup plus que 10 ans de carrière derrière eux. Certes, l’âge amène beaucoup plus d’expérience, par contre répondre aux exigences physiques devient plus difficile avec l’âge.
Haïti risque de perdre sa première place comme pays caribéen ayant le quotat d’arbitres le plus élevé à faire partie de la liste FIFA au niveau de la Caraïbe. Issus d’un pays où le football est une religion, les officiels haïtiens ont cette chance d’avoir vécu le football et de bien connaître le sport dont ils sont devenus officiels, cependant l’anglais comme exigence linguistique ajouté aux tests physiques de plus en plus stricts pourraient pousser certains vers la sortie et faire perdre au pays une première place chèrement acquise.
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