En pleurs, Rosianne Jean quitte le stade de Marville, après la défaite de l’équipe haïtienne U-20 0-1 devant le Nigeria. Les yeux rougis, Naphtalie Lorthé qui la réconforte a les paupières marquées. L’aventure française est finie. On va jouer contre l’Allemagne pour l’honneur puisque le rêve de franchir au moins un tour en phase finale de Coupe du monde ne se fera pas dans cette édition.
Et après ?
Il n’y a pas eu de championnat haïtien de football féminin cette saison. Pire, le nombre de footballeuses en activité se limite à celles qui évoluent en sélection U-20 ou qui sont au Camp Nou. Dès qu’une joueuse quitte « Camp Nou », il n’y a aucune activité de football féminin qui la retient. Les clubs sont inactifs depuis plus de 14 mois et les joueuses condamnées à chercher d’autres activités pour subvenir à leurs besoins alors que déjà le football ne rapportait pas grand-chose. Kensia Destinvil, Verlène Estimé, Kétia Charles, Dieunite Élisca, Kétura Robuste, Yolande Méroné, Yves-Laure Jean, pour ne citer qu’elles, sont ainsi perdues pour le football alors qu’il constituait l’avenir pour beaucoup d’entre elles.
Des choix compréhensibles
En réalité, le choix des joueuses de chercher d’autres activités est compréhensible, car pour une joueuse qui n’est pas assez jeune au Camp Nou, elle ne joue au football que 4 mois sur 12 et le nombre de matchs disputés sur ces 4 mois ne dépasse pas 15. Les 8 autres mois sont passés au chômage technique. Et comme, en plus, l’agenda n’est pas défini pour chaque édition de championnat de football féminin, les dirigeants de club, dépourvus de ressources, attendent la dernière minute pour entamer les préparations. Dans la majeure partie des cas, les joueuses retrouvent la compétition après une pause de 8 mois sans préparation foncière, sans disputer de matchs amicaux de préparation, ce qui fait que le spectacle en pâtit.
Si l’on ajoute que la majeure partie des clubs n’ont pas un staff technique compétent, cela fait que les entrainements ne sont pas méthodiques ni attrayants. Les joueuses jouent selon leur inspiration puisque sans consignes cohérentes, d’où beaucoup de déchets dans le jeu, une déficience tactique énorme.
Il faut penser à 2023
Il faut cesser de voir en Marc Collat le bouc émissaire responsable d’une situation pour laquelle on s’est mal préparé. De janvier à mai, les filles qualifiées ont surtout été des touristes qui n’ont joué aucune rencontre amicale internationale pendant que les Etats-Unis multipliaient les rencontres affrontant entre autres la France en mars 2018.
La Ladies Cup nous avait donné un avertissement et ce qu’on a pu observer dans les prestations de l’équipe haïtienne démontre d’énormes progrès entre juin et aujourd’hui. On s’en prend trop aux entraineurs en Haïti. Fiorda Charles a fait ce qu’elle a pu avec la sélection nationale U-17, mais quand l’équipe est éliminée, on veut en faire la fusible qui doit sauter. On estimait Collat comme le sauveur qui qualifiait l’équipe, maintenant il est la bête noire. Il faut cesser de responsabiliser les entraîneurs pour penser à un programme cohérent et objectif.
Nérilia Mondésir, Melchie Daelle Dumornay, Kerly Théus, Sherly Jeudy, Dougenie Tabitha Kerby Joseph, Danielle Dani Étienne, Émeline Charles, Dolorès Jean-Thomas, Roseline Éloissaint, Danielle Darius, Jennyfer Limage, Soveline Beaubrun, Mikerline St-Félix, Nelourdes Nicolas, Milan Raquel Pierre-Jérome, Danielle Darius, Naphtaline Clerméus, Abaïna Louis, Johane Laporte, Mélissa Shelsie Dacius, Bathcheba Louis, Angeline Gustave, Ruthny Mathurin, Flero Dina Surpris, Rachelle Caremus… associées aux jeunes pousses qui sont au ranch sont autant d’armes qui peuvent nous permettre de disputer la première phase finale de Coupe du monde senior en 2023.
Il faut seulement un championnat régulier, une présence constante dans les compétitions internationales, la multiplication des académies de formation et encore plus de rigueur dans la formation au ranch. L’espoir est pour demain, mais demain commence aujourd’hui.
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