C’est en pleurs, émue de quitter sa famille et ses amies, que Nérilia Mondésir a quitté Haïti pour la France en février 2017. Première joueuse haïtienne de l’histoire à signer un contrat professionnel, la prometteuse joueuse de 19 ans s’est envolée pour Montpellier où elle se bat depuis le début de la saison pour se faire une place en équipe première. Et ce n’est pas facile tant le vestiaire héraultais est rempli de stars, Linda Sembrant, Sofia Jakobsson et Anouk Dekker en tête. Mais elle a aujourd’hui le sourire. D’abord, parce qu’elle le dit : elle « est heureuse Montpellier ». Ensuite parce qu’elle va bientôt être rejointe en France… par Haïti !
C’est historique, le pays a en effet obtenu son billet pour sa première Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA qui se déroulera en Bretagne, du 5 au 24 août. Pour cela, la sélection a fini troisième du Championnat Féminin U-20 de la CONCACAF 2018, et battu notamment le Canada, géant du football féminin 1:0. Un exploit ? Pas vraiment à en croire la star et capitaine haïtienne.
« Nérilia, c’est la capitaine, c’est la chef de bande, c’est un peu celle qui tire la charrue, c’est énormément de talent… J’espère que grâce à cette coupe du Monde, beaucoup d’Haïtiennes vont suivre ses traces » – Marc Collat, sélectionneur de l’équipe féminine U-20 d’Haïti (FIFA.com)
« Au regard de l’engouement que cela a suscité sur l’île, cela a pu paraître comme une énorme performance, d’autant que c’est la première fois qu’Haïti se qualifie pour une Coupe du Monde féminine, toutes catégories confondues. Mais à mes yeux, ce n’est pas une surprise. Nous étions passées tout près d’une qualification en U-17. On a juste continué à travailler, à y croire, et ça a payé ! » explique Mondésir au micro de FIFA.com.
Les paroles de l’attaquante prennent d’ailleurs tout leur sens au regard du parcours de son équipe lors du tournoi qualificatif continental. Si deux victoires 3:2 face à Trinité-et-Tobago et au Costa Rica lui ont ouvert les portes des demi-finales, elle a vu la chance lui tourner le dos en demi-finale, face aux Etats-Unis qu’elle a poussés dans leurs retranchements, avant de s’écrouler dans la séance de tirs au but. Il fallait alors se relever et affronter dans le match pour la troisième place un Canada qui l’avait battu 4:0 en phase de groupes. « On savait qu’on pouvait le faire en se serrant les coudes », raconte Mondésir.
Repartir au combat
On connaît la suite. Sherly Jeudy – lancée magnifiquement par Mondésir – a marqué l’unique but de la rencontre, et les Caribéennes se sont qualifiées pour France 2018 déclenchant une impressionnante vague d’enthousiasme sur l’île. « C’est vrai que ça a rendu les gens heureux. Tant mieux », confie-t-elle. « La vie n’a pas été toujours facile dans notre pays, alors que les gens y sont tellement cools… Sur le terrain, on se bat pour eux, on se bat pour Haïti. »
Et « se battre » n’est pas un vain mot pour cette ancienne judokate qui a finalement choisi le football car « ce sport lui paraissait le plus simple à exercer, et le plus facile pour percer ». Le mot revient notamment à l’évocation des matches qui attendent Haïti à France 2018 dans un Groupe D où se mêlent RP Chine, Nigeria et Allemagne, autrement dit trois cadors du football féminin.
« On va se battre. Nous sommes une petite équipe, et nous avons conscience qu’être champion du monde, cela va être dur. Mais tout donner sur le terrain, ça, ce n’est pas compliqué pour nous. Et on va le faire. Nous n’avons peur de personne, » explique la deuxième meilleure buteuses des qualifications de la CONCACAF (4 buts). « Par contre, moi j’aime faire peur… « , conclut-elle dans un immense sourire dont elle n’est visiblement pas prête de se départir.