Jean-Jacques Pierre, défenseur central du FC Nantes, porte un regard sans concession sur la gestion désastreuse de son club depuis 2005. Il estime néanmoins que le début de saison est encourageant pour la suite.
Jean-Jacques Pierre, quel regard portez-vous sur le début de saison de votre équipe ?
C’est un début de saison différent de l’année dernière. On retrouve un groupe beaucoup plus jeune et moins expérimenté, avec beaucoup d’envie et d’application. Ils sont très à l’écoute. On peut dire que le début de saison est moins bien réussi que l’an dernier, avec deux défaites à la maison. Mais au niveau du contexte et des possibilités pour l’avenir, c’est de bon augure.
Comment expliquez-vous les difficultés de votre équipe à domicile avec déjà ces deux défaites en trois rencontres ?
Il y avait beaucoup d’appréhension. Et par rapport à d’autres équipes qui sont restées plus stables, nous allons faire beaucoup plus d’erreurs dans certains domaines car nous manquons d’automatismes. Comme je l’ai dit, nous avons un groupe très jeune et nous nous sommes retrouvés dans des situations où nous avons payé notre inexpérience, où la moindre erreur était fatale. J’espère que ces deux défaites à la maison seront les dernières.
Vous restez sur trois matchs sans défaite en championnat. Estimez-vous que votre équipe est sur la bonne voie ?
On peut dire qu’on est sur la bonne voie par rapport à ce qu’on a montré depuis le début de saison. Contre Le Mans, on a raté pas mal d’occasions, comme contre Evian. A Laval et à Metz, on pouvait gagner. On a été solide à Troyes pour ouvrir le score et même l’aggraver. On fait beaucoup de belles choses mais il manque la concrétisation de nos actions. Nous devons continuer à travailler. Les jeunes doivent grandir et nous devons les orienter sur la bonne voie.
Beaucoup de mouvements ont modifié le visage de votre effectif à l’intersaison. Ne craignez-vous pas que cette instabilité, chronique au FC Nantes, ne vous pénalise encore une fois cette saison ?
Ça fait six ans que le groupe est instable. Tous les ans, il y a au minimum dix ou douze joueurs qui partent. Cette année, ils étaient vingt-deux à s’en aller et dix à arriver. Certains sont arrivés avec une connaissance du championnat, ce qui permet de réduire le temps d’adaptation. D’autant que ce sont des mecs qui parlent bien la langue donc pour se fondre dans le groupe, ça va plus vite. Maintenant, il nous faut du temps pour vraiment trouver de la cohésion et de la complicité au niveau du jeu, même si l’on sait qu’avec l’envie, nous pouvons combler certaines lacunes.
Pensez-vous avoir les moyens de remplir les objectifs fixés, c’est-à-dire la remontée en Ligue 1 ?
Nous avons les moyens car on est sur la même ligne que les autres clubs qui veulent monter. A nous sur le terrain de concrétiser cette envie. Certes, on a une équipe de qualité et on sait qu’on a les moyens. Mais je pense que la meilleure façon d’y arriver, c’est d’être costaud dans la tête. Comme dans n’importe quel championnat, quand il s’agit de football, il n’y a pas de cadeau et rien n’est joué d’avance. Je pense qu’il faut montrer ce que l’on veut sur le terrain et continuer à travailler à l’entraînement.
« Je veux laisser le club en L1 »
L’année dernière, vous avez eu des relations parfois compliquées avec vos entraîneurs, avec Jean-Marc Furlan notamment. Comment vous entendez-vous avec le nouvel entraîneur, Baptiste Gentili ?
Très bien. C’est quelqu’un qui me connaît depuis notre première saison en L2 en 2007-08 (ndlr : Gentili était alors l’entraîneur adjoint de Michel Der Zakarian). Et moi, comme toujours, je travaille, j’essaye de comprendre ce que l’on attend de moi et j’applique ça sur le terrain.
Sur les deux derniers matchs, vous avez été associé en défense centrale à Mathéus Vivian, arrivé en provenance de Metz. Comment se passe votre entente sur le terrain ?
Ça va, ça va. Il y a encore beaucoup de choses à régler. Il faut mieux se connaître pour pouvoir mieux anticiper et rattraper les erreurs de l’un comme de l’autre. Ce sera bénéfique pour le groupe.
Au club depuis 2005, vous êtes le plus ancien de l’effectif. Avec toutes les péripéties que vous avez connues, comment jugez-vous l’évolution du FC Nantes depuis votre arrivée ?
C’est instable au niveau du groupe, au niveau de la direction aussi. Depuis 2005, je crois que c’est mon huitième entraîneur alors qu’un coach a besoin de temps pour mettre quelque chose en place, connaître ses joueurs… Ce n’est pas possible d’avoir une équipe qui tourne bien quand tous les ans, cinq ou six joueurs arrivent en janvier et repartent en juin. C’est difficile de se comprendre et de trouver les automatismes sur le terrain afin de produire un jeu fluide, comme le faisait le FC Nantes dans le passé. A l’époque, les joueurs grandissaient ensemble depuis l’âge de 14-15 ans. Aujourd’hui, si vous regardez l’effectif du FC Nantes ces dernières années, il y a très peu de joueurs qui sont restés deux ou trois ans. C’est compliqué quand il y autant d’instabilité au niveau sportif.
Vous entamez votre sixième saison au club, qui pourrait être votre dernière puisque vous êtes en fin de contrat à en juin prochain. Qu’attendez-vous de cette saison ?
J’espère que mes partenaires vont me permettre de retrouver le niveau de jeu que j’avais il y a deux ans, qui m’avait même permis d’être sollicité par Bordeaux. Je veux finir le mieux possible et laisser le club là où je l’avais trouvé en arrivant, c’est-à-dire en L1. C’est ma priorité aujourd’hui.