L’espace sportif haïtien est particulièrement malsain depuis quelque temps. La pollution à ce niveau, générée par le jeu des intérêts particuliers, dérange plus d’un. Mais, elle arrange ceux qui ne peuvent s’exhiber que sur les pistes de la discorde.
« Diviser pour s’imposer ou déranger pour régner », c’est la même chose, la même longueur, le même objectif. Le tout puisé dans le négativisme. La différence, c’est le nom, le lieu ou l’action. Une chose est certaine : les dirigeants se font trop souvent déborder par les « dérangeurs »…
Professionnalisme, compétence, discipline, gestion saine, ce sont, parmi d’autres, des facteurs générateurs de succès au sein de toute organisation. Présentement, il n’est pas nécessaire d’avoir un microscope pour détecter les nombreux trous et les points noirs qui entourent l’organisme sportif haïtien.
Dans les années 60, un spot publicitaire mettait en évidence une sorte de « terreur des rats ». Aujourd’hui, les rats envahissent même nos champs sportifs, où se bousculent des rapaces, des ravisseurs, des ravageurs, des radoteurs et même des rapporteurs…
En Haïti, puisque l’irresponsabilité, l’immoralité et le parasitisme ont foulé certains terrains qu’on croyait intouchables ou inaccessibles, les dérangeurs pensent qu’ils peuvent transformer n’importe qui en propagandiste. Cependant, le journaliste ou le chroniqueur qui se respecte sait qu’il ne doit pas envoyer des fleurs aux défaitistes et aux « fabricants de contreperformances », lesquels méritent tout, sauf des éloges et des médailles.
D’autres gens diront peut-être le contraire. C’est leur droit le plus entier de demander à « ceux qui n’ont jamais péché de leur jeter la première pierre ». Mais tous les péchés ne sont pas de même dimension. D’ailleurs, certaines fautes grossières dépassent la taille du département de l’Ouest…
Les maux qui rongent le football au niveau national prouvent l’influence de certains péchés. « C’est pire quand certaines maladresses sont mesurées ou calculées, à des fins individuelles ou claniques ». Dire cela ne constitue pas une pierre lancée aveuglement pour déranger quiconque. Loin de là. C’est tout simplement une constatation qui, malheureusement, se révèle insuffisante pour changer l’ordre des choses dans ce pays où le désordre s’installe dans au moins 80% de l’administration sportive haïtienne.
Le dirigeant sportif, quel que soit son rang ou son appartenance, est plutôt un « dérangeur » s’il pose des actes allant à l’encontre des intérêts de son club, de sa ligue ou de sa fédération. C’est plus renversant quand il s’agit d’un responsable dont les actions néfastes ou insencées rejaillissent sur la collectivité.
« Le journaliste qui respecte sa profession n’acceptera jamais de décorer les dirigeants dérangeurs ». Même pour tout l’or ou pour toutes les beautés du monde. Et si certains acceptent de le faire, c’est, pour les moralistes, les positifs et les puristes, une « atteinte à la morale sportive »…
Un proverbe africain dit ceci : « Celui qui dit toujours la vérité doit posséder un cheval pour courir ». Ils disent beaucoup de choses, nos frères africains, parce que, comme nous, ils ont beaucoup souffert, ils souffrent beaucoup. Bien que, sur le plan sportif, ils nous aient laissés à des milliers de kilomètres d’intervalle. C’est plus qu’évident !
Enfin, une blague significative à l’intention des « dirigeants dérangeurs ». Un père dit un jour à sa fille : « Mon enfant, des garçons affirment que tu es une fleur, une merveille. Assise devant un miroir, tu constateras que ce n’est pas ta beauté qui les interesse »…
Raymond Jean-Louis
Le Nouvelliste
Lundi 26 février 1996
N.B.- CE TEXTE DE VINGT-HUIT (28) ANS REFLÈTE À 95% LA RÉALITÉ. C’EST DOMMAGE !
(Le Nouvelliste 26 février 1996)
Par Raymond Jean-Louis