Au nombre des huit pays qui vont représenter la Concacaf à la Coupe du monde des moins de 17 ans qui se déroulera au Qatar du 5 au 27 novembre 2025, il faut citer Haïti. Visiblement en joie, la présidente du comité de normalisation de la Fédération haïtienne de football, dans une interview exclusive accordée à Le Nouvelliste, ne tarit pas d’éloges sur les petits Grenadiers et le staff technique. Elle en a profité pour évoquer, entre autres, la préparation de l’équipe avant que ne débute le mondial qatari, les échéances des autres sélections, les épineux dossiers des statuts et élections devant aboutir à un comité exécutif dûment élu par l’Assemblée générale avant de dresser le bilan du comité qu’elle préside depuis le 30 novembre 2024.
Le Nouvelliste : Comment avez-vous vécu la qualification des petits Grenadiers pour la Coupe du monde ?
Monique André : C’était un moment de grande émotion et de fierté. Voir nos jeunes se battre avec détermination et décrocher leur billet pour une compétition aussi prestigieuse est une récompense pour tous ceux qui, de près ou de loin, œuvrent au développement du football en Haïti. Cette qualification est le fruit du travail acharné des joueurs, du staff technique et du soutien de toute la communauté du football haïtien. Elle confirme que, malgré les défis auxquels nous sommes confrontés, notre football a du talent et du potentiel à faire valoir sur la scène internationale.
LN : La Coupe du monde, c’est en novembre, en termes de préparation, vous comptez faire quoi exactement ?
MA : La préparation est essentielle pour permettre à nos jeunes d’aborder cette compétition dans les meilleures conditions. Nous avons déjà commencé à réfléchir afin de mettre en place un programme structuré comprenant des stages de préparation, des matchs amicaux contre d’autres équipes, ainsi qu’un encadrement technique et psychologique renforcé. Nous travaillons déjà sur les aspects logistiques et administratifs pour assurer que les joueurs aient tout le nécessaire pour bien se préparer. Le but est d’arriver à cette Coupe du monde avec une équipe compétitive, prête à représenter dignement Haïti.
LN : Il va sans dire que les Grenadiers ont beaucoup d’échéances à honorer cette année. Avez-vous déjà pris toutes les dispositions pour honorer et/ou respecter ces engagements ?
MA : Effectivement, nous avons plusieurs échéances importantes pour les différentes sélections nationales, et nous prenons toutes les dispositions pour répondre à ces engagements. Nous envisageons de mobiliser les ressources nécessaires, tant au niveau financier que logistique. Nous travaillons en collaboration avec nos partenaires, la FIFA et la CONCACAF. Les différents calendriers et budgets ont été soumis au MJSAC ainsi qu’ à d’autres entités et nous espérons un retour positif de leur part pour ces jeunes , et tout ceci pour garantir que chaque sélection bénéficie du soutien adéquat. Notre objectif est de permettre aux joueurs de se concentrer uniquement sur leurs performances sur le terrain, sans se soucier des contraintes organisationnelles.
LN : Dans votre bilan à la FHF, on peut désormais compter deux Coupes du Monde, y a-t-il d’autres réalisations à ajouter ?
MA : Ces qualifications successives montrent que nous avançons dans la bonne direction et que les efforts entrepris portent leurs fruits. Au-delà des résultats sportifs, nous avons travaillé sur plusieurs axes importants, notamment le renforcement de la gouvernance au sein de la FHF, l’accent sur la protection des jeunes, axe très important pour la FIFA et la CONCACAF. Un officier de sauvegarde a été nommé, tous les documents y relatifs sont prêts, l’élaboration d’un code de bonne conduite, un document définissant les grandes lignes et l’orientation de notre politique de sauvegarde et de protection de l’enfance. Un autre document de mécanisme et de traitement des plaintes a été élaboré et mis en place à la FHF. Nous avons élaboré un cursus pour la formation des entraîneurs déjà validé par la CONCACAF pour le renforcement des capacités des entraîneurs. De plus, selon les exigences de la FIFA, le plan stratégique de développement du football féminin a été finalisé et validé par l’instance suprême du football. Malgré la situation difficile dans laquelle nous évoluons, nous avons dû faire un plaidoyer qui a mené à l’augmentation du nombre d’arbitres FIFA.Tout cela contribue à la pérennisation du football haïtien et à la professionnalisation de notre structure fédérale.
LN : Le nouveau statut de la FHF et les élections restent toujours deux points importants pour compléter la mission confiée par la FIFA, où en êtes-vous ?
MA : Ces dossiers restent prioritaires dans notre mission. Après plusieurs mois de travail, nous avons terminé la révision des statuts, nous avons eu des séances de travail avec les Clubs, la FIFA et la CONCACAF, et suite à ces réunions l’ébauche comme convenu a été envoyé aux Clubs pour commentaires. Nous devons nous réunir encore afin de discuter et prendre en compte les commentaires qui pourront être ajoutés, modifiés afin de garantir une gouvernance transparente et efficace, conforme aux exigences de la FIFA. Une fois cette étape terminée, le processus suivra son cours : vote des statuts et les élections. Notre engagement est de laisser une fédération structurée, stable et capable de répondre aux défis du football haïtien sur le long terme. Nous sommes conscients que ces étapes sont cruciales pour la pérennité du sport en Haïti et nous faisons tout notre possible pour mener à bien cette mission avec rigueur et responsabilité.
Le Nouvelliste : S’il faut placer un mot pour clore cette interview exclusive, vous direz quoi ?
Monique André : L’avenir du football haïtien se joue sur plusieurs fronts : la formation, l’accompagnement des joueurs et la bonne gouvernance. Avec cette qualification des U-17, nous avons une nouvelle opportunité de montrer au monde que le football haïtien est bien vivant et capable de rivaliser au plus haut niveau.
Legupeterson Alexandre
lenouvelliste.com