Un mois après le départ de l’ex-bombardier jaune et bleu Salomon Saint-Vil, l’ex-«trois poumons» du Violette et de la sélection nationale Guy François, renversé par une crise cardiaque, a rendu l’âme très tôt dans la matinée du lundi 3 juin 2019 à Montréal. Notre football enregistre une autre perte majeure et d’autres larmes.
Le regretté Guy François fit partie du régiment des jeunes footballeurs qui exposèrent très tôt leurs talents sur la scène haïtienne du ballon rond lors des compétitions de 4e et 3e catégories lancées par la FHF en 1963. Les fidèles du stade Sylvio Cator n’avaient aucun doute au sujet de l’avenir de ce jeune et déroutant ailier gauche de l’équipe de Flamant Noir qui empoisonna l’existence de tous les arrières droits dans le championnat de 3e catégorie et au concert de la Ligue de football de Port-au-Prince. Il s’est également imposé dans les épreuves scolaires au sein de l’attaque de la brillante équipe du lycée Toussaint Louverture.
Pendant l’intersaison 67-68, la vedette de Flamant Noir prit la direction du Violette où se bousculèrent déjà une pléiade de jeunes étoiles, notamment le meneur de jeu Alix Tabuteau et le buteur patenté Jean Gourdain qui quittèrent le pays avant la fin de cette compétition. Titulaire dans l’équipe fanion du Vieux Tigre dès son arrivée, Guy François fut l’un des artisans du sacre des bleu et blanc dans la Coupe Pradel en 1968, l’année du cinquantenaire du doyen des clubs sportifs haïtiens.
Au cours de cette même saison, l’imposant Guy Francois gagna logiquement ses premiers galons d’international. Il devint rapidement l’un des pions indispensables du «Club Haïti» dirigé par l’entraîneur Antoine Tassy: ailier gauche pendant les éliminatoires de la Coupe du monde de 1970, demi défensif lors de la mémorable épopée 73-74. Il conserva son costume de titulaire de la sélection nationale, de 1968 à 1974.
Face à la sélection du Salvador dans la phase décisive des examens concacafiens du mondial de 1970, Haïti avait chuté au match aller (1-2) au stade Sylvio Cator. Mais à San Salvador, Guy François, meilleur joueur du match retour selon le reporter sur place Jean-Claude Sanon, participa largement à l’éclatante victoire de la sélection haïtienne. À l’arrivée 3-0 en faveur des coéquipiers de Philippe Vorbe, buts signés Tom Pouce, Claude Barthélémy et Guy François.
Le meilleur ami de Guy François, c’était Roger Saint-Vil, ailier gauche du Racing Club Haïtien. Ils étaient tellement liés que l’on pensait qu’ils défendront un jour les mêmes couleurs en Coupe Pradel. Ce qui devait arriver arriva avant l’ouverture de la saison 70-71: le raciniste retrouva son ami violettiste sous le pavillon bleu et blanc. Un transfert sonore. Ti Roger débarqua au Violette en compagnie de Raphaël Pierre. Guy François céda l’aile gauche à son copain Roger Saint-Vil et recula au milieu du terrain, poste qu’il conserva au Violette et en sélection nationale jusqu’à la fin de sa riche carrière en 1974.
En ce qui concerne les dépenses d’énergie de ce joueur de tempérament sur un terrain, Joseph Obas m’a confié un jour à radio Soleil de New York que, dans une atmosphère volcanique, Guy François était son partenaire idéal lors du match pimenté Guatemala-Haïti de 1968 où il avait marqué son but historique lors des éliminatoires du Mondial de 1970 que notre pays rata d’un cheveu. Quel agréable souvenir ce but extraordinaire de l’immortel canonnier capois Joseph Obas contre le Guatemala!
Ainsi un autre mapou du football haïtien est tombé. Bravo honorable combattant Guy François ! Pour avoir vaillamment défendu les couleurs de Flamant Noir, du Violette et de la sélection nationale, tu mérites la mention «très bien».
Au revoir, camarade Guy François ! Mes sincères condoléances à ta famille, à Ti Roger, à Nazaire, à Tom Pouce, à Jeannot, à Philippe, à Jean-Joseph, à Raphaël, à Bayonne et à tes autres partenaires du Violette et de la légendaire sélection nationale «Toup pou yo».
Raymond Jean-Louis.