Nominée meilleure joueuse de la Concacaf et meilleure milieu de terrain ( Ballon d’Or des U-17 et 3e Concacaf avec les U-20 ), Melchie Daëlle Dumornay termine l’année 2018 en apothéose avec un titre de championne nationale avec les Tigresses, une distinction de meilleure buteuse avec 24 realizations, dont 4 en finale contre Anacaona. Pour Le Nouvelliste, la superstar du futur revient sur sa saison 2018.
Daëlle Dumornay : Je m’étais fixé l’objectif d’inscrire 26 buts. J’ai manqué mon objectif d’une unité, mais j’en étais pas loin. J’espère y arriver la saison prochaine et peut-être dépasser la barre des 26 buts.
Enock Néré : Etre nominée candidate à la distinction de meilleure joueuse de la Concacaf et aussi meilleure milieu de terrain de football féminin plus un Ballon d’Or U17 Concacaf obtenu, sans oublier une 3e place Concacaf en U20 et une 4e place Concacaf en U17. Qu’est-ce qui a manqué pour que votre année soit à la dimension de votre espérance ?
Melchie Daëlle Dumornay : (rires). Je pense que 2018 m’a beaucoup apporté en termes de satisfaction personnelle. Je ne m’attendais pas à être nominée comme meilleure milieu de terrain, voire meilleure joueuse. Je ne m’attendais pas à visiter Lyon de si tôt. En tant que joueuse, c’était dans l’objectif; mais je ne m’attendais pas à y aller d’autant qu’en Haïti les promesses valent ce qu’elles valent. C’est donc une année à succès puisque je la termine championne nationale avec les Tigresses, meilleure buteuse avec 25 buts inscrits et je pense que Dieu m’a fait grâce de m’accorder la santé pour que je m’exprime en jouant. Je ne peux qu’espérer pouvoir bénéficier de cette grâce pour continuer à jouer, pour pouvoir un jour fonder un foyer et surtout devenir un modèle pour la génération future.
Enock Néré : Lors de votre passage à Lyon, comment se sont passées vos séances de travail avec les pros ? Vous êtes-vous sentie à l’aise ?
Melchie Daëlle Dumornay : J’ai été un peu intimidée. C’est d’ailleurs la première fois que cela m’arrive d’être intimidée ; il y a de quoi de l’être. C’est une très grande équipe très bien structurée aussi. Ils ont les moyens et les joueuses sont très professionnelles. Elles sont très solidaires et travaillent toujours à la progression du groupe se dirigeant ainsi dans la même direction. Je comprends pourquoi elles sont les meilleures d’Europe et je crois que si un jour j’intégrais un tel groupe j’apprendrais beaucoup, j’en tirerais beaucoup d’expériences que je pourrais partager avec les plus jeunes qui n’ont pas encore la chance d’aller faire un stage dans un grand club de football ensuite jouer au plus haut niveau et faire partie un jour des meilleures joueuses de mon pays.
Enock Néré : Ce que vous avez réalisé ce soir donne l’impression que le championnat haïtien est vraiment trop faible pour vous ?
Melchie Daëlle Dumornay : Je ne le dirai pas, car aucune compétition n’est jamais trop petite. J’ai seulement eu la possibilité grâce à mes talents et cherché ce soir à me défoncer un peu plus dans la mesure où l’entraîneur exigeait un peu plus de moi. Il faut élever le niveau, m’avait-il dit, et j’ai fait de mon mieux pour élever le niveau. Ce qui est normal quand votre équipe est en difficulté si vous avez la possibilité de devenir le sauveur ou le libérateur de l’équipe, c’est un devoir de le faire. Il faut y aller.
Enock Néré : Pour Le Nouvelliste, vous faites partie des jeunes qui ont marqué 2018. Quelles sont vos espérances pour 2019 ?
Melchie Daëlle Dumornay : Mon espoir pour 2019, c’est de partir à l’étranger pour un long séjour. Mon expérience à Lyon m’a fait chaud au cœur et être championne ce soir me donne du bonheur. A présent, je rêve de partir jouer à Lyon pour évoluer dans la meilleure équipe de football féminin du monde et espérer surtout y être titulaire afin de décrocher de nouveaux titres de champion sous d’autres cieux.
Enock Néré : À Lyon, vous avez eu l’occasion de regarder s’entraîner Manchester City sous la direction de Pep Guardiola. Qu’avez-vous appris?
Melchie Daëlle Dumornay : j’ai appris que chaque ballon possédé est extrêmement important et qu’on doit faire le maximum pour ne pas le perdre; que le groupe est précieux, que tactiquement chaque élément du groupe doit faire partie d’un tout homogène et enfin qu’en situation de match on ne doit jamais baisser les bras même quand on mène au score. Qu’on ne doit jamais oublier sa méthode quitte à répéter inlassablement le même projet car c’est avec ce qu’on a préparé en groupe qu’on parviendra à réussir. Qu’on doit se concentrer au maximum pour exploiter la moindre occasion car quand on rate les siens l’adversaire concrétise souvent les siens. Enfin que le football est aussi fait d’erreurs et qu’il vous appartient d’être toujours sur le qui-vive pour exploiter la moindre erreur de l’autre.
Enock Néré : Ce soir, votre équipe n’a pas joué son meilleur football. Pourtant vous avez exploité les moindres erreurs adverses. Serait-ce déjà les fruits de votre séjour à Lyon?
Melchie Daëlle Dumornay : Mon stage là-bas m’a beaucoup inspirée. Une joueuse de l’Anacaona m’avait motivée sans le vouloir en me disant que l’Anacaona ne nous accordera aucune chance .. Quand elle a parlé je n’ai pas répondu car j’ai voulu lui donner une réponse là où c’était nécessaire, c’est-à-dire sur le terrain et je pense que la réponse lui est parvenue.
Enock Néré : Heureuse année Mlle et que Dieu vous conserve cette santé que vous souhaitez tant conserver !
Melchie Daëlle Dumornay : Merci beaucoup et bonne année à vous aussi.
Ndlr : En réalité, Melchie Daëlle Dumornay n’a totalisé que 24 buts, dont 4 en finale. La première realization, c’est-à-dire le but de l’ouverture du score lors de cette finale, est l’œuvre de la Miragoânaise Roseline Éloissaint d’une superbe reprise du pied droit qui a envoyé le ballon dans le petit filet interne gauche de Naomie Ambroise.
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