Elle a été à côté de Nérilia Mondésir, la grande vedette de la sélection haïtienne qui participait au championnat du monde féminin U-20 de la FIFA, France 2018, remporté par le Japon aux dépens de l’Espagne (3-1). Dans une interview exclusive accordée au journal Le Nouvelliste depuis Paris (France), elle promet, si ceux et celles ayant les moyens financiers encadrent le football féminin, de qualifier Haïti pour le prochain mondial U-20.Le Nouvelliste : D’où vient ton surnom Corventina ?
LN : Tu veux qu’on t’appelle Melchie ou Corventina ?
MDD : Appelle-moi s’il vous plait : Corventina.
TM : T’as une raison valable ?
MDD : Depuis mon enfance, on m’appelait Corventina. Il serait difficile d’admettre un autre surnom. Et de plus, tout le monde a pris du plaisir de m’appeler ainsi. De mon humble avis, c’est plus cool.
LN : Parlons à présent le foot. Tu as impliqué sur deux des trois buts de Nérilia. Est-ce qu’une satisfaction ?
MDD : C’est un exploit pour nous. Vous pouvez le remarquer, moi et Nérigol, nous avons un très bon jeu d’ensemble. Son instinct de buteur l’a permis de faire la différence. C’est pourquoi, je cherche toujours à lui passer le ballon. Il en est de même pour moi. Cependant, je ne veux pas parler de satisfaction, car nous n’avons pas pu, malgré ses buts, qualifier Haïti pour les quarts de finale.
LN : On s’attendait à ce que tu trouves le chemin des filets ?
MDD : Moi aussi, je pensais marquer au moins un but dans la compétition. J’essayais, mais en vain. Ce n’est pas la fin du monde, car c’est le football.
LN : Certains observateurs pensent que si tu jouais plus près de la défense adverse, peut-être que tu auras quitté la compétition avec une réalisation. Partage-toi cet avis ?
MDD : De mon point de vue, la consigne de l’entraîneur doit être respectée. En faisant autre chose, ça risque de mettre en péril tout le dispositif tactique de l’équipe. En fait, j’ai voulu être une joueuse valable et disciplinée à mon poste.
LN : Dis-nous Corvintina, tu aimes jouer en retrait ou tout près de Nérilia Mondésir ?
MDD : Comme tous les autres joueurs, j’aime jouer plus proche du but adverse. En fait, j’aime quand j’ai le ballon, car en passant à l’aile, je suis plus dangereuse balle au pied. En jouant de cette façon, ça permet à Nérilia de toucher plus de ballon.
LN : Le coup franc contre la Chine, pourquoi tu l’as laissé à Sherly Jeudi ?
MDD : (rires). Ça été une grosse responsabilité. Sherly était plus prête que moi. À dire vrai, j’avais l’envie, mais…j’ai été trop hésitée. J’avais la tête ailleurs.
LN : Mais, tes frappes sur balle arrêtée contre le Nigeria et face à l’Allemagne ont failli faire mouche ?
MDD : Justement. Les portières adverses ont fait, en termes de taille, 1m80 et 1m85. À chaque fois, elles ont plongé pour détourner mes tirs. Cependant, j’espère travailler cet aspect dans mon jeu afin de tromper leur vigilance.
LN : Tu as fêté récemment tes 15 ans, cela dit, tu peux encore disputer une coupe du monde de cette catégorie d’âge ?
MDD : J’en suis sûre. Pour y parvenir, je sais que je dois travailler. Nérilia nous a légué son trône et, qualifier Haïti pour la prochaine coupe du monde est un devoir. Franchement, nous devons faire mieux la prochaine fois.
LN : Au sein de l’équipe U-20, il y avait plusieurs membres de la sélection U-17 ?
MDD : Exactement. Nous étions huit en tout. Cette expérience compte beaucoup pour nous. Croyez-moi, on va s’en servir pour faire du mal avec nos adversaires. Toutefois, il nous faut beaucoup de matches amicaux de haut niveau, des matches pouvant nous mettre dans des situations difficiles.
LN : Et l’Olympique Lyonnais s’intéresse à toi ?
MDD : Oui. C’est une satisfaction personnelle. Je suis très contente d’y entendre et je serai heureuse de faire une telle expérience.
LN : Après la coupe du monde tu deviens une star très popularité ?
MDD : À n’en pas douter. Cependant, ce n’est pas une raison de faire la grosse tête. Au contraire, je vais continuer à travailler pour rester à jamais graver dans le cœur de ces fans.
LN : Comment tu vois la suite de ta carrière ?
MDD : J’ai des grandes ambitions. Je la vois très grande. Dès mon enfance, mon père m’avait dit que je serais une grande joueuse. Je me sens triste, car il n’est plus là pour voir briller sa fille chérie.
Le Nouvelliste : S’il faut placer un mot pour clore cette entrevue ?
Melchie Daelle Dumornay : J’en profite pour inviter tous ceux et celles qui ont de moyens d’investir dans le football féminin. Sans moyen, on a pu montrer ce que nous pouvions faire. En fait, on veut être encadré pour progresser. Ce faisant, nous aurons une équipe forte mentalement et prête à vendre une très belle image sur la scène internationale.
Legupeterson Alexandre
lenouvelliste.com