Ce n’est ni Corventina ni Nérilia. Bien que cette dernière ait marqué deux buts contre la défense allemande lors de la défaite d’Haïti (2-3) en phase de poule. Mais le nom de la bête noire de l’Allemagne reste Roseline Eloissaint. Revenons sur les prouesses de cette Grenadière face à l’équipe triple championne du monde
Après la brillante prestation de l’équipe haïtienne, éliminée en phase de poule au championnat du monde féminin U-20 de la FIFA, France 2018, certaines Grenadières en ont profité pour taper dans l’oeil des fans, des observateurs et surtout des recruteurs qui ont suivi de près la fête du football femme qui se déroule en Bretagne. Si l’on se fie aux propos des membres du staff technique haïtien, Roseline Eloissaint, bien qu’elle ne jouisse pas de la popularité de Nérilia ou de Conventina, est le véritable mur invisible des jeunes Grenadières. Très bonne dans les tâches défensives, la native de Miragoâne (19 ans) est aussi celle qui a apporté le danger constamment dans le camp adverse.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a gagné ses épaulettes sur le champ de bataille au point de devenir une titulaire à part entière au sein du dispositif tactique de l’équipe. À ce sujet, Roseline confie : « On ne me fait aucun cadeau. Que je sache, je suis une privilégiée, car nombreuses sont les jeunes filles qui seraient peut-être intéressées à défendre les couleurs d’Haïti, mais elles n’ont dommage pas eu cette opportunité. Mes coéquipières et moi, au prix d’énormes sacrifices, avons combattu jusqu’au bout et avons gagné. C’est pourquoi, à chaque fois que j’ai eu la chance de jouer pour mon pays, j’en profite pour tout donner.»
Au championnat du monde français, elle a été titularisée à deux reprises contre le République populaire de Chine, remplacée par Danielle Étienne et face au Nigéria avant de céder sa place à Mikerline Saint-Félix. Voulant faire jouer Nerloude Nicolas qui n’avait pas encore goûté à ce grand bain, Marc Collat, contre l’Allemagne, l’a retenue sur le banc des remplaçants. Entrée en jeu à la 68e minute, Roseline, bon pied bon œil, a offert aux 2752 spectateurs du stade la Rabine à Vannes, 22 minutes de folie.
Par son sens de placement, sa vision et ses percussions, Roseline a su se mettre à la hauteur pour aider dans le travail de récupération, de quoi faire échec aux assauts offensifs des Allemandes. N’est-ce pas elle qui a offert un caviar à Nérigol pour son deuxième but splendide (2-3) ? En position d’ailier droit, la joueuse de l’AS Tigresses jailli pour chiper le ballon, mettre en déroute la machine allemande avant de nourir les velléités offensives des Grenadières. En prenant de vitesse la défense de l’équipe européenne, Roseline a ajusté magistralement son centre dans le dos des défenseures centrales pour trouver au point mort Nérilia.
Tout le stade a scandé le nom de Nérilia Que dire des fans haïtiens vivant en Haïti ? Sans l’ombre d’un doute, Roseline y est pour beaucoup dans cette 3e réalisation qui a placé la joueuse de Montpellier au sommet dans la chronologie des buts inscrits par un footballeur caribéen dans l’histoire d’une phase finale de Coupe du monde. « On a trop souvent eu la tendance d’oublier ceux et celles qui ont travaillé à l’obtention du produit fini. Merci parce que vous avez vu juste. En effet, après avoir joué en juin contre les Allemandes, j’ai été confiante que nous pouvions réaliser quelque chose face à elles. J’en suis ravie que j’ai pu apporter mon grain de sable dans la construction de ce grand édifice par l’équipe haïtienne», a laissé entendre la polyvalente Roseline.
La native de Miragoâne, avec son but inscrit (en match amical) et sa passe décisive (en Coupe du monde), est sans conteste la bête noire de l’équipe allemande. À cela, Il faut se rappeler qu’elle avait trouvé le chemin des filets à 6 reprises lors des qualifications pour le Mondial français.
En tout et pour tout, en Bretagne, elle a joué environ 200 minutes sur 270 possibles. Comme les autres Grenadières, Roseline Eloissaint souhaite que le football féminin en Haïti soit soutenu par les autorités étatiques, et par tous ceux et celles ayant la capacité de voler au secours du football national.
Legupeterson Alexandre
lenouvelliste.com