C’est au stade la Rabine de Vannes que s’est achevée l’aventure de la sélection haïtienne féminine des moins de 20 ans, au Mondial France 2018. Le lundi 13 juillet 2018, les Grenadières tirent donc leur révérence au terme d’un match très disputé face à l’Allemagne, trois fois championnes du monde, qui l’emporte trois buts à deux. Une compétition qui ouvre malgré cette élimination précoce, de nouvelles perspectives aux joueuses haïtiennes, lesquelles selon les dires de Dadou Jean-Bart, ont su attiré la convoitise des clubs comme Lyon, Montpellier, St-Maures, entre autres.
«Nous avons joué du football. On a montré qu’on était douées, qu’Haïti était capable, que nos joueuses était talentueuses, que nos fans sont capables de créer de l’ambiance, qu’on était un peuple gai. C’est ce qu’on a rêvé d’une Coupe du monde. Ç’aurait été trop beau si nous avions été plus loin. Mais je pense qu’on a quitté la compétition avec la tête haute : mettre la pression aux championnes du monde, remonter à deux buts, étaler du beau jeu. En gros, on a rempli notre contrat. Pourtant, on s’engage déjà à tout faire, à travailler pour y revenir. C’est trop beau», poursuit Dadou Jean-Bart, président de la Fédération haïtienne de football, intervenant depuis Vannes, après le match, au micro de Roberson Alphonse sur Magik9.
Toutefois, M. Jean-Bart déplore le manque de moyens adéquats, lesquels auraient pu contribuer à une meilleure performance des filles dans une pareille compétition. «Je regrette qu’on n’ait pas eu les moyens de se préparer de façon idéale. Par exemple, on s’est bien entraînées grâce à l’aide du gouvernement, on a passé deux mois et demi à l’hôtel, staff bien en place et compétent. Pourtant, à la fin, il nous manquait l’essentiel : la compétition. Parce que l’entraînement ne suffit pas. Si on avait eu la chance de jouer suffisamment de matches comme l’Allemagne, le Nigéria ou l’Angleterre, au mois de juillet, si on avait joué au moins 3 matches à ce niveau, je vous assure qu’on serait meilleures, qu’on aurait mieux corrigé les détails qui nous ont tant handicapées au cours de la compétition», précise le numéro 1 de la FHF qui tire déjà les leçons de cette 3e participation d’Haïti à une phase finale de Coupe du monde.
« L’enseignement, c’est que le haut niveau a ses exigences. On peut avec le cœur, avec la compétence, avec beaucoup de sacrifices, avec de la bonne foi, faire un bon bout de chemin. Cependant, il faut être capable également de solutionner les détails. Et ce sont ces détails qui nous ont manqué. Vous avez vu une équipe courageuse, déterminée, avec du caractère, combative, mais aussi une équipe ayant fait preuve de beaucoup de lacunes. On a accumulé beaucoup d’erreurs techniques, beaucoup de déchets. La preuve que notre formation doit être renforcée. C’est-à-dire insister beaucoup plus sur la technique, la maîtrise de balle, le travail athlétique et physique», reconnaît Dadou Jean-Bart, souhaitant disposer de moyens nécessaires afin de rendre les joueuses plus compétitives.
«Nous avons fait toutes ces remarques, on va de fait travailler avec les entraîneurs haïtiens et les experts étrangers dans le but d’avancer. J’espère également avoir les moyens d’initier nos jeunes aux grandes compétitions internationales, en Chine, au Portugal, en Russie, aux États-Unis, de façon qu’elles puissent s’habituer à ce niveau de précision, de rigueur, cette capacité de pouvoir à la fois profiter et défendre leurs avantages. Tout cela s’apprend et les matches ce sont les moyens pour», affirme-t-il.
Satisfait des efforts consentis par la Fédération haïtienne de football au niveau du foot féminin, le Dr Yves Jean Bart dit vouloir continuer à promouvoir ce sport dans 20 autres villes du pays en implantant 20 académies, afin de permettre aux talents d’améliorer leur vie. « L’objectif c’est d’élever le niveau du football haïtien, d’essayer d’être performant dans un domaine qui dans bien des aspects attire jusqu’à présent la curiosité, d’ailleurs, on laisse le foot féminin aux grands pays. On veut donc montrer qu’on fait partie des pionniers à promouvoir le football chez la femme. Le but aussi, c’est d’enrichir nos jeunes, de permettre à certains talents de la population de changer de vie, de construire leur avenir grâce au football. Comme le Brésil ou les pays africains : permettre à leurs jeunes de décrocher des contrats, des bourses d’études, de façon propre. Sans violence», indique le président de la Fédération, invitant l’État et le secteur privé à mettre également la main à la pâtte.
Des clubs font les yeux doux aux Grenadières
« Montpellier a fait la demande pour Rachelle et Corventina. Mais on compte favoriser Lyon – 4 fois championne du monde –, le meilleur club du monde qui s’intéresse aussi à Corventina. Elle n’a pas encore l’âge pour être transférée, mais on compte lui donner un suivi professionnel à distance, jusqu’à ce qu’elle atteigne les 16 ans. St Maures, club en deuxième division, a en vue Kerly, Roseline, entre autres. Toutefois, Kerly semble avoir déjà décroché le gros lot, car elle va jouer en Ligue 1 à En avant Guingamp», a fait savoir Dadou Jean-Bart sur les ondes de la 100.9. Quoi de mieux pour nos Grenadières ?
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