L’un des acteurs de la sélection haïtienne U17 lors de la Coupe du monde 2007, Bitielo Jean Jacques, prête actuellement ses services à l’Académie d’Orlando City U16, une jeune équipe d’Orlando City SC qui évolue dans l’élite du football américain, la MLS.
L’un des acteurs de la sélection haïtienne U17 lors de la Coupe du monde 2007, Bitielo Jean Jacques, prête actuellement ses services à l’Académie d’Orlando City U16, une jeune équipe d’Orlando City SC qui évolue dans l’élite du football américain, la MLS.
Natif de Cité Soleil, Bitielo Jean Jacques, dernier-né d’une famille de cinq enfants, a vu le jour le 28 décembre 1990. Ses parents sont originaires du Sud du pays mais ils ne sont pas issus de la même ville. Sa mère vient de Tiburon alors que son père est né à Chardonnières. Il a commencé à jouer au football à 6 ans. Ensuite, Bitielo a dû intégrer un jeune club de sa zone du nom de Maranata FC. De là étant, l’Haïtien a pris les choses beaucoup plus au sérieux.
A 13 ans, Bitielo a eu la chance de faire son entrée au ranch de la Croix-des-Bouquets comme stagiaire. Ses précieuses qualités l’ont emmené sur le sentier de la réussite. On l’a donc retenu pour qu’il puisse prendre part aux différentes rencontres de la sélection U15 en 2003. Est ensuite venu le moment d’endosser le maillot de l’équipe U17, avec qui Bitielo a vécu une belle épopée en 2007.
Parcours inoubliable
Au micro de Ticket Magazine, Bitielo Jean Jacques fait un retour sur l’immense fierté qu’il avait ressentie en 2007. “Représenter mon pays (en Coupe du monde), c’était un rêve devenu réalité. En plus, faire partie de la première sélection U17 à représenter le pays au niveau mondial, ce fut une fierté pour moi. L’équipe a beaucoup travaillé pour réussir cet exploit. Dans le groupe, nous étions comme des frères. Tous ces aspects ont joué un rôle crucial dans la qualification pour la compétition. C’est un moment gravé à jamais dans ma mémoire” a-t-il déclaré.
À la suite de la qualification, des joueurs du XI type des éliminatoires ne pouvaient pas accéder à la phase finale comme St Victor Ultergens et Elusma Pierre. Avec ces joueurs, l’équipe pouvait livrer de meilleures prestations, selon l’arrière latéral gauche de l’équipe. Haiti avait récolté deux défaites, l’une face au Japon (1-3) et l’autre contre le Nigeria (1-4), et un nul face à la France (1-1). Quoi qu’il en soit, cette participation restera dans les annales de l’histoire.
En D1 haïtienne, l’ancien international haïtien a porté les couleurs de Victory FC de 2006 à 2008 avant de rejoindre les États-Unis où il a subi un test avec River Plate PR, équipe d’USL Pro League. La réussite de l’épreuve lui a octroyé la possibilité de faire partie d’une écurie professionnelle pour seulement une saison (2011). Pourtant, c’est lors de son passage à VSI Tampa Bay (2013), toujours en deuxième division américaine, qu’il a été convoqué en sélection haïtienne sénior. Il a été convoqué pour des rencontres face à l’Espagne, l’Italie, le Chili et la Chine en amical. En compétition, il a disputé la Coupe des Caraïbes et la Gold Cup avec Haïti en 2015.
C’est en sélection qu’il a rencontré Jean-Jacques Pierre. Ce dernier lui a facilité un essai au stade Malherbe de Caen en 2013, à cette époque qui était en Ligue 2. Pour des raisons personnelles, Bitielo n’a pas fait long feu du côté de l’Hexagone. Il n’a pas tardé à signer son retour en terre américaine. C’est là que débute son aventure avec Orlando City SC, son dernier club professionnel. Il a été sacré champion de la saison régulière en 2014 avec ses partenaires.
Bitielo a eu des compatriotes comme modèles. Nous pouvons citer Ernso Laurence et Jean-Jacques Pierre comme il nous l’a fait savoir. Leurs styles de jeu l’ont fasciné durant sa carrière. Un long chemin parcouru peut également être une source de motivation. Ce fut le cas pour l’ancien joueur de Victory FC qui est venu d’un quartier défavorisé pour enfin s’installer dans le monde footballistique. “Ma ville natale a joué un grand rôle dans l’être que je suis à présent. Lors de mon enfance, mes parents pouvaient subvenir à nos besoins mais je savais parfaitement que si je voulais réussir, je devais travailler très dur sans relâche”, a expliqué Bitielo Jean Jacques.
Une connexion avec le football. C’est ce dont avait besoin l’ancien latéral gauche d’Haïti. Indécis entre le choix de devenir entraîneur ou agent de joueurs, Bitielo a lancé un programme de formation privée du nom de “Hai Elite Soccer Training”, un programme conçu pour l’entraînement de jeunes tant au niveau individuel qu’au niveau collectif. Enfin, il a opté pour le coaching. Rude travailleur depuis son enfance, le mondialiste a reçu sa licence comme entraîneur professionnel.
Pour l’intégration du staff technique de l’Académie d’Orlando City U16, ce n’était pas la chose la plus compliquée pour Jean Jacques. Le fait d’avoir été un ex-joueur de l’équipe première lui a facilité la tâche. “Cette année (2024), Orlando City SC a allumé sa 10e bougie. Il a honoré ses anciens joueurs qui étaient des invités de la cérémonie. On me voit comme une légende du club”, a confié Bitielo à l’équipe de Ticket Magazine. Actuellement, quatre joueurs de l’Académie d’Orlando City U16 sont des représentants de jeunes équipes américaines. Au niveau U16, nous pouvons citer Jakob Garcia et Tanner Miller et au sein de la sélection U18, Justin Ellis et Colin Guske.
Du côté des jeunes, le championnat appelé “Lig MLS Next” est divisé en deux parties : des rencontres face à d’autres académies de la région et des matchs contre des académies floridiennes qui ne sont pas représentées par une grande équipe en MLS. Parmi les autres académies de la région, il y a lieu de mentionner Inter Miami, Atlanta United, Charlotte FC, New England Revolution, New York Red Bull, New York City FC, Philadelphia Union, Impact de Montréal, Toronto FC et Nashville FC. A l’issue de la saison, on dispute les playoffs et la règle est simple : il suffit de gagner pour atteindre le sommet.
Les groupes de cette ligue de jeunes sont des habitués d’un tournoi qui est l’un des meilleurs du monde, GA Cup. L’an dernier, l’U15 d’Orlando FC avait partagé les points avec l’U15 d’Arsenal FC (1-1) avant d’échouer face aux joueurs des moins de 15 ans de FC Séville en séance de tirs au but après un match nul 1-1. Le fait de croiser le fer avec de jeunes bandes du Vieux continent, ça accroît l’expérience et donne à des pépites l’opportunité d’étaler leurs capacités en terre étrangère.
Les organisations et investissements dans le sport haïtien vus au bas de l’échelle
Un manque de joueurs créatifs et techniques, voilà l’un des constats de l’ex-pensionnaire de l’équipe caennaise. Le jeu est beaucoup plus tactique, selon lui, ces dernières années. “Dans mon enfance, je regardais des footballeurs comme Ronaldinho, Zinédine Zidane, Roberto Carlos, Ronaldo Luis Nazario, Juan Roman Riquelme, Rivaldo, Jay-Jay Okocha, Andrés Iniesta, Xavi Hernandez, Denílson de Oliveira et tant d’autres. À mon avis, ces joueurs étaient très créatifs et beaucoup plus libres”, a commenté Bitielo.
Hors d’Haïti, ce dernier a constaté une meilleure organisation et de meilleurs investissements dans le football. En termes de ressources, le pays est plus qu’éloigné par rapport aux pays où le sport est vu comme un vecteur de développement. Je n’avais aucune idée de la science du sport lors de ma carrière footballistique. Maintenant comme entraîneur, j’ai beaucoup appris de lui et il joue un rôle vraiment grandiose dans la vie des joueurs. Il contrôle la charge des entraînements des joueurs et une multitude de choses basées sur les capacités et performances des sportifs.
La science du sport est une discipline qui étudie la façon dont le corps humain travaille durant les exercices et la manière dont le sport et les activités physiques sont encourageants pour la santé et la performance. L’étude de cette discipline vise la physiologie, la psychologie, l’anatomie, la biomécanique, la biochimie et la kinésithérapie.
La FHF, l’État haïtien et les organisations privées alertés
Amoureux de sa patrie, la première chose que Bitielo a conseillé aux membres de la Fédération haïtienne de football, c’est un début avec une bonne fondation : le développement du football des jeunes. Il a emprunté les mots d’Arsène Wenger pour faire son diagnostic : “ « C’est très simple, on construit un joueur à l’image d’une maison ». Premièrement, on part de la base et celle d’un joueur, c’est la technique. C’est trouvable entre 7 et 14 ans. Si à 14 ans, un joueur n’a aucune compétence technique, il peut être jeté aux oubliettes. Si les jeunes ne sont pas bien développés, le football ne pourra pas atteindre un bon degré ”.
Le gouvernement ainsi que les compagnies privées devraient investir dans le football. “ À travers le monde, ce n’est pas uniquement la tâche des fédérations sportives. Par exemple, Audi est l’un des sponsors officiels de la MLS. Durant la saison, il a prévu de verser 200 dollars américains à l’académie du club pour chaque but inscrit durant l’échéance. Je ne demande pas aux entreprises haïtiennes d’en faire autant. Mais selon moi, elles pouvaient faire le minimum ”, a argué Bitielo qui n’a pas oublié de rappeler au gouvernement haïtien que la sécurité est aussi importante.
Comment ne pas penser à des formations pour les entraîneurs ? Beaucoup sont dévoués mais ils sont au bord du précipice malgré leurs qualités. Ils sont en manque de ressources et de nouvelles données. Les choses apprises 10 à 15 ans de cela n’y sont plus. De temps à autre, des innovations sont faites. Avec des projets sensés, le public haïtien aurait la chance d’apercevoir des joueurs mais également des entraîneurs faire des choses qui sortent de l’ordinaire à travers l’international. Et le talent, c’est pas ce qui nous manque ! On a juste besoin de le peaufiner.
Tout en remerciant Ticket Magazine pour l’opportunité qu’il lui a offert de partager son parcours et son expérience avec le pays, Bitielo Jean Jacques veut que tous les Haïtiens sachent qu’ils peuvent atteindre les sommets peu importe d’où ils viennent. Ils n’ont qu’à suivre simplement leur passion et utiliser le bâton de la discipline.
John Sterlin Celestin
lenouvelliste.com