Les Jeux Olympiques de Paris de cette année seront marqués par la participation historique de Lynnzee Brown, la première gymnaste féminine à représenter Haïti à cet événement prestigieux. Dans une interview exclusive accordée à CBS News, l’athlète de 25 ans et Fritz Reme, chargé d’affaires de la Fédération Haïtienne de Gymnastique, ont partagé leurs réflexions sur cette occasion monumentale.
Après avoir débuté sa quête olympique en mai 2023 lors des championnats panaméricains de Medellin, en Colombie, Lynnzee défendra le drapeau haïtien en gymnastique artistique lors des JO de Paris. Une qualification bien méritée après avoir participé à plusieurs compétitions pour Haïti, y compris la Coupe du monde, où elle a obtenu des résultats impressionnants, a déclaré Fritz Reme à CBS News.
Pour la native de Raytown, cette qualification n’est pas seulement une reconnaissance de son talent, mais aussi une chance de se connecter profondément avec ses racines haïtiennes. Bien que née dans le Missouri, aux États-Unis, elle a été élevée dans un environnement imprégné de la culture haïtienne, grâce à son père haïtien. « Je pense que c’est une manière pour moi de me connecter à la culture haïtienne », a-t-elle déclaré au micro d’Anne-Marie Green, présentatrice de « What To Watch » sur CBS News. « J’ai grandi entourée de beaucoup de membres de ma famille haïtienne, donc j’ai pris sur moi de faire des recherches sur le pays, son histoire, et d’apprendre les langues. Représenter Haïti me donne l’impression de faire enfin partie de quelque chose. »
Faire flotter le bicolore aux Jeux Olympiques dépasse donc la simple réalisation d’un rêve personnel pour Lynnzee. C’est une opportunité de montrer au monde une autre facette d’Haïti, un pays souvent stigmatisé par la violence et l’instabilité politique. « Je veux vraiment montrer que nous sommes là et qu’il y a tellement de belles choses. Je veux mettre une nouvelle lumière sur Haïti et tout ce que les Haïtiens peuvent accomplir. Je suis très honorée d’avoir été choisie pour ce rôle et de représenter le pays », a-t-elle déclaré avec fierté.
Fritz Reme a ajouté que la participation de Brown pourrait inspirer de nombreux jeunes Haïtiens à s’intéresser à la gymnastique. « Ce que nous voulons, c’est inspirer les enfants grâce à elle. Nous espérons pouvoir apporter la gymnastique en Haïti et ouvrir des centres de formation », a-t-il annoncé. « Qui sait? nous pourrions avoir le premier centre de gymnastique en Haïti; ce serait le centre Lynnzee Brown. »
Outre l’aspect compétitif, la santé mentale de la gymnaste a également été abordée lors de cette entrevue de six minutes. En effet, la route vers les Jeux Olympiques ne lui a pas été sans embûches. En 2019, elle a perdu sa mère, un événement tragique qui aurait pu la déstabiliser. De plus, elle a dû panser plusieurs blessures au cours de sa carrière. Cependant, la sportive a trouvé la force dans sa famille et dans sa résilience personnelle. « Je me suis appuyée sur ma famille. J’ai pris beaucoup de temps pour ne pas tout garder pour moi et pour demander de l’aide aux autres. C’est dans l’humanité que l’on trouve ce soutien. Ma famille m’a vraiment aidée à traverser tout cela », a-t-elle confié.
Lynnzee a également exprimé sa gratitude envers la gymnaste Simone Biles, qui a ouvert la voie pour que les athlètes parlent ouvertement de leurs défis mentaux. « Simone a lancé une grande vague pour que les gymnastes parlent de leur santé mentale, et je suis honorée qu’elle ait fait cela parce que cette initiative permet à des athlètes comme moi de s’exprimer à ce sujet », a-t-elle expliqué.
La représentante haïtienne se tient ainsi prête à relever le défi olympique, armée de son talent, de son héritage culturel, et du soutien indéfectible de sa famille. À noter que parmi les sept athlètes présents dans la délégation haïtienne, Lynzee Brown et le judoka Philippe Métellus seront les porte-drapeaux des couleurs d’Haïti sur la Seine, ce vendredi 26 juillet lors de la cérémonie d’ouverture de la XXXIIIe Olympiade.
Louise Samantha Rabel
lenouvelliste.com