Au micro de la FIFA, Eddy César, le sélectionneur des U-17 haïtiens, évalue les chances de son pays de participer au Mondial de la catégorie. Les qualifications de la Concacaf débutent le 11 février pour Haïti.
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Haïti va disputer les qualifications pour la Coupe du Monde U-17 de la FIFA 2025 en février
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Le sélectionneur Eddy César s’est entretenu avec la FIFA
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« On travaille très, très, très dur pour pouvoir concrétiser le rêve » de Coupe du Monde, a-t-il déclaré
Jamais deux sans trois ?
Au moment d’aborder les qualifications de la Concacaf pour la Coupe du Monde U-17 de la FIFA, Qatar 2025™, le sélectionneur d’Haïti, Eddy César, espère que l’adage se confirmera. Son équipe va en effet se rendre au Guatemala pour tenter de valider son billet pour le Mondial qatarien, qui aura lieu du 5 au 27 novembre 2025 (voir programme en fin d’article). Ce serait alors la troisième participation des Haïtiens à la compétition planétaire de la catégorie, après 2007 et 2019.
En 2007 – en République de Corée dans un tournoi qui avait vu un certain Toni Kroos décrocher le Ballon d’or adidas – Haïti participait à un tournoi FIFA pour la première fois seulement depuis la Coupe du Monde de la FIFA 1974™. À la tête des jeunes Grenadiers se trouvait alors Jean-Yves Philogène Labaze. Le coach, dont on a récemment commémoré le décès survenu lors du terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti, a eu une influence d’importance dans la carrière d’Eddy César.
« C’est lui qui m’a guidé, qui m’a construit, qui m’a aidé à être entraîneur », a expliqué l’ancien défenseur (49 ans) dans un entretien exclusif avec la FIFA.
Déterminé à suivre les traces de Philogène Labaze et n’ayant jamais goûté à un tournoi FIFA lors de sa carrière de joueur, César explique ce que cela signifierait pour lui de se qualifier pour la Coupe du Monde U-17.
FIFA : Eddy, quel genre de joueur étiez-vous ?
Eddy César : J’étais un joueur très, très, très humble, qui avait le sens du fair-play, j’ai toujours eu le respect pour mes adversaires même si j’étais très dur sur l’homme. Et mentalement, j’étais très fort aussi.
Vous avez côtoyé Jean-Yves Philogène Labaze, le premier entraîneur depuis 1974 à mener une sélection d’Haïti à la Coupe du Monde. Quelle influence a-t-il eue sur votre carrière ?
Oui, on travaillait ensemble au ministère des Sports : il avait les catégories U-17, moi j’étais avec les U-13. C’est lui qui m’a guidé, qui m’a construit, qui m’a aidé à être entraîneur, parce que j’avais l’idée en tête, mais c’est tout. Philogène Labaze m’a vu évoluer sur le terrain et il m’a toujours dit : « Tu as les caractéristiques d’être un bon entraîneur parce que chaque fois que tu joues, tu sais comment placer les joueurs, tu sais donner de la confiance sur le terrain. » Il m’a dit que je ferais un bon entraîneur (il sourit).
Aujourd’hui, pensez-vous être le bon entraîneur qu’il avait vu en vous, et surtout, quel entraîneur êtes-vous devenu ?
J’aime le beau jeu, mais dans la récupération, je suis très rigide. Il faut beaucoup parler avec les jeunes, il faut réussir à les concentrer. Nous allons jouer les éliminatoires du Mondial donc il faut mettre une bonne équipe, disciplinée tactiquement et techniquement, sur le terrain pour pouvoir récupérer le billet qualificatif.
Justement, comment vous êtes-vous préparés pour les qualifications pour la Coupe du Monde U-17 ?
On a commencé la préparation il y a plus de deux mois et on a débuté notre dernier cycle avec des matches amicaux. Ensuite, nous partirons pour le Guatemala. Ce sera l’occasion de donner la chance à nos expatriés de trouver une certaine cohésion au sein de notre équipe.
Vous parlez des expatriés, qui sont-ils ?
On a deux jeunes ailiers – Emerson Laissé et Franco Célestin – qui sont issus d’une académie en Jamaïque [la Mount Pleasant Football Academy]. On compte sur toute l’équipe en soi, mais ces deux jeunes-là seront à surveiller. Et on a trois autres jeunes qui sont issus de clubs en Espagne, en Suisse et aux États-Unis.
Avez-vous pu faire des repérages sur vos adversaires : le Guatemala, Antigua-et-Barbuda et Saint-Vincent-et-les-Grenadines ?
Non, on n’a pas pu voir ces équipes-là, donc on a essayé de travailler sur notre effectif pour pouvoir être prêts lorsqu’arriveront les matches. Je pense que tous les adversaires sont coriaces, on ne les sous-estime pas. On va voir match après match pour pouvoir se qualifier pour le Mondial.
Quelles sont les chances d’Haïti de se qualifier, selon vous ?
J’estime notre chance à environ 90 %. Et quand on arrivera là-bas, on comblera les 10 % ! N’oubliez pas qu’on se retrouve dans la même poule que le pays qui organise le tournoi. Ce sera un match très difficile. C’est de cette perspective que je vous dis qu’on va arracher les 10 % au Guatemala. On n’est jamais allés dans ce pays donc on va faire en sorte de s’acclimater pour pouvoir bien comprendre le pays et faire un bon tournoi.
Vous allez donc découvrir le Guatemala à l’occasion des qualifications de la Concacaf. Connaissez-vous le Qatar [l’hôte de la Coupe du Monde U-17] et qu’est-ce que cela représenterait de vous qualifier pour la Coupe du Monde ?
On ne connaît pas le Qatar non plus. Je souhaite vraiment qu’on se qualifie et on travaille très, très, très dur pour pouvoir concrétiser ce rêve-là et le rendre réalité. On a une occasion en or de montrer au monde entier qu’Haïti sait faire des bonnes choses et de faire en sorte qu’on ne parle pas en mal de nous. Grâce au football, on peut donner un bon souvenir et un sourire à notre pays. Pour que nos jeunes et tout le monde puissent reconstruire le pays.
Et sur le plan personnel ?
Je suis en train de construire quelque chose avec cette équipe. En tant que joueur, je n’ai jamais joué de phase finale de Coupe du Monde. Alors le faire en tant qu’entraîneur, ce serait grand. Pour les joueurs aussi ! Dans cette tranche d’âge, c’est l’univers du football qui s’ouvre autour d’eux. Je dis toujours aux joueurs : « À 17 ans, jouer le Mondial, c’est ta carrière qui s’ouvre. Il faut se donner à fond dans ces tournois pour pouvoir faire plaisir à vos parents et votre pays. »
Les qualifications de la Concacaf U-17, comment ça marche ?
Les qualifications de la Concacaf pour la Coupe du Monde U-17 se déroulent sous un nouveau format, en un seul tour au cours duquel les nations participantes sont réparties en huit groupes. Après un mini-tournoi où chaque équipe affronteront les autres équipes de son groupe une fois, les huit premiers de chaque groupe se qualifieront pour la Coupe du Monde U-17 2025.
Le calendrier d’Haïti dans le Groupe E des qualifications
(Pays hôte : Guatemala)
Mardi 11 février Haïti – Saint-Vincent-et-les-Grenadines
Jeudi 13 février Antigua-et-Barbuda – Haïti
Dimanche 16 février Haïti – Guatemala
FIFA