Le manque d’honnêteté ne cesse de poluer l’environnement sportif haïtien, notamment dans les zones sensibles où les relations continuent à se dégrader. Une petite phrase résume ce brouillant climat : « Ça ne va pas ». Au lieu de s’appuyer sur la logique pour essayer de sortir d’un encombrant tunnel, on transfère les responsabilités sans tenir compte de la dimension de certains « détracteurs stratégiquement fabriqués ». Agir ainsi, c’est s’écarter « bêtement » de la piste sportive…
Originellement sain et crédible, le sport est un peu partout la cible de ceux qui sont pourtant chargés de le protéger. « On déchire son certificat de sportif lorsqu’on se sert de la contradiction pour se décharger dans une situation conflictuelle générée par des erreurs habilement planifiées ». Mais on devient grand aux yeux de la société lorsqu’on reconnait ses fautes, tout en rechargeant ses batteries pour éviter de se retrouver la prochaine fois sur des voies ténébreuses.
À cause de la précarité de nos structures, le champ d’action des responsables sportifs haïtiens est organisationnellement étroit. En ce sens, il faut être toujours vigilant en matière de planification, la base de toute réussite. D’ailleurs, si le succès se manifeste rarement au sein de nos entreprises sportives, c’est parce que, dans la majeure partie des cas, la planification est fréquemment boîteuse ou incohérente. Ce qui indispose surtout, ce n’est pas l’échec ou l’imprévoyance des uns et des autres, mais plutôt le refus de s’organiser pour éviter d’autres chutes.
Plaçant leur gestion approximative sur le compte de certains sportifs lucides qu’ils qualifient de détracteurs, beaucoup de dirigeants ont échoué par orgueil ou suffisance. Il s’amusent à « maquiller » les sportives interventions des partisans de la rectification, au lieu de rechercher la bonne formule pour essayer de combler certaines lacunes administratives. Alors, ils s’improvisent généraux pour « transformer » les capitaines en caporaux. En revanche, les caporaux deviennent capitaines quand il s’agit d’une organisation qui approuve tout, même lorsque les généraux ne font pas honneur à leurs épaulettes…
En se basant sur la profondeur de la sportivité, un vrai sportif est un honnête citoyen qui inspire confiance. Par honnêteté intellectuelle, un sportif ne doit pas renier ses paroles ni ses actes, quelles que soient ses responsabilités dans une situation orageuse qui entraîne une cascade de divergences. « Un grand dirigeant, ce n’est pas celui qui change de costume pour tromper la galerie. C’est plutôt celui qui fait de son mieux pour ne pas salir son costume »…
Au niveau supérieur comme à la base, l’atmosphère est poluée dans la majorité des compartiments du sport national. En agissant aveuglement comme de cyniques « pouvoiriens », les responsables concernés ne font qu’entraîner sur les pistes du vice et de la tricherie ceux qu’ils ont pourtant la mission d’orienter dans le bon sens pour servir demain leur pays. Incontestablement, « L’ENVIRONNEMENT SPORTIF HAÏTIEN EST MALSAIN ».
Raymond Jean-Louis
Le Nouvelliste
Jeudi 21 mai 1998
N.B.- Ce texte, comme tant d’autres, est à la fois mûr et vert. Mûr parce qu’il a vingt-six (26) ans, vert parce qu’il conserve la fraîcheur de son premier printemps.
Sur la piste des réactions, c’est la « même longueur d’ondes ». Au tableau de la crise, on a toujours qualifié de détracteur de la FHF tout sportif qui refuse d’avaler des couleuvres. Comme hier, on fredonne aujourd’hui la même chanson. C’est le « concert des partitions démagogiques au rythme de la division ».
Par Raymond Jean-Louis
(Le Nouvelliste 21 mai 1998)