Lundi 16 janvier 2023, Melchie Daëlle Dumornay a paraphé un contrat de trois saisons avec la section féminine de l’Olympique Lyonnais qui est considérée comme le meilleur club féminin du monde. En signant chez l’octuple champion d’Europe, c’est sans contredit le plus grand transfert de l’histoire du football haïtien (toutes catégories confondues) et pour plus d’un, Melchie Daëlle Dumornay se hisse déjà à la première place des plus grands sportifs haïtiens. Sommes-nous en mesure de la considérer comme telle ?
Les rayons envoyés par Corventina ont atteints les dirigeants lyonnais, et ces derniers réussissent à séduire l’étoile montante haïtienne. Un palier franchi pour la talentueuse Melchie. La perle haïtienne a déjà mis 16 buts en 29 rencontres avec le Stade de Reims. À partir de la saison à venir, Corventina a un fort pourcentage de devenir la première haïtienne à disputer la plus prestigieuse compétition européenne au niveau des clubs.
Néanmoins, certains ne voient encore l’hissage à la première place des plus grands sportifs haïtiens de tous les temps pour Dumornay. Pour une partie, elle n’a pas encore détrôné Sylvio Cator, et à l’autre bout, certains observateurs considèrent Emmanuel Sanon comme un pion à survoler. Qu’ont-ils (Sanon et Cator) fait réellement ?
L’unique buteur haïtien en Coupe du Monde
Emmanuel Sanon est à ce jour le seul buteur haïtien en phase finale de Coupe du monde, après avoir inscrit deux buts lors de l’édition 1974. Il est également le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe d’Haïti. Le vainqueur de la Coupe de Belgique en 1979 figure parmi les 100 Héros de la Coupe du monde, une liste établie en 1994 par le magazine français France Football.
Avec l’équipe d’Haïti, Emmanuel Sanon a disputé et remporté la Coupe des nations de la CONCACAF en 1973 (faisant office d’éliminatoires de la Coupe du monde 1974) en inscrivant 5 buts lors de la phase finale du tournoi organisé à Port-au-Prince.
Durant la Coupe du monde 1974, Sanon a dribblé Dino Zoff et a ouvert la marque face à l’Italie, bouclant la série de 19 rencontres officielles durant lesquelles le portier italien n’avait encaissé aucun but. L’attaquant haïtien a récidivé contre la sélection d’Argentine.
Sylvio Cator : spécialiste de saut en longueur
Sylvio Cator a débuté l’athlétisme en 1921 puisqu’il était auparavant joueur de football, passé par le Racing Club haïtien et membre de la sélection nationale. Après ses débuts en athlétisme, il décide de se consacrer exclusivement à la discipline en 1924.
Ses records en longueur (7 m 31), en hauteur (1 m 85) et aux 100 mètres (11 secondes), ont efforcé la décision à plusieurs personnalités haïtiennes de former un Comité Olympique permettant aux meilleurs athlètes du pays de se distinguer au niveau international. C’est
ainsi que le natif de Cavaillon s’est rendu aux Jeux olympiques d’été à Paris accompagné notamment par son ami André Théard.
En 1928, l’Haïtien disputa les JO d’Amsterdam où il fait figure de favori du concours de la longueur en témoigne un saut mesuré à 7 m 71 en début de saison. Une faute de pied lors du dernier saut l’a privé de la première place, se contentant alors de la médaille d’argent avec 7 m 58, derrière l’Américain Ed Hamm. Cator a pourtant amélioré de 3 cm le record du monde de la discipline détenu par Hamm en réalisant 7,937 m (9 septembre 1928). Son record s’est tenu durant trois ans.
Ses performances lui ont valu de nombreux avantages : propriétaire de l’hôtel « Le Savoy », sis au Champ de Mars, son établissement était fréquenté par l’élite du pays et recevait fréquemment la visite du Président de la République Paul Eugène Magloire. Conseiller à la Mairie de Port-au-Prince, il fut ensuite élu Maire en 1946, puis député de la circonscription d’Aquin, Saint-Louis du Sud et Cavaillon en 1950. L’unique stade d’Haïti à Port-au-Prince, a été achevé en 1952 (année de sa mort) et a été baptisé en son honneur.
Est-ce déjà fait ou dépôt d’autres pions ?
Le 22 mars 2022, Melchie a été élue meilleure jeune joueuse de la planète en devançant l’Australienne Mary Fowler et la Maltaise Haley Bugeja dans ce classement par le journal Goal.com. L’ancienne joueuse de l’AS Tigresse, avant de retrouver le Stade de Reims en 2021, a remporté un titre de champion national en 2019, et ce avec à la clé 24 buts inscrits en uniquement 9 rencontres avec l’AS Tigresse.
Après avoir raflé le Ballon d’Or Concacaf U17 (en 2018) et le Soulier d’Or Concacaf U20 (en 2020), deux trophées récompensant respectivement la meilleure joueuse et la meilleure buteuse de ces compétitions, la pépite haïtienne s’est vue octroyer à deux reprises (en 2020 et 2021), le titre honorifique, celui de meilleure joueuse de la Caraïbe. Et depuis lors, le joyau du football féminin haïtien n’a cessé de progresser.
Arrivée en France, elle n’a tardé à prouver son talent. En sortant du banc à la mi-temps pour ses débuts contre Issy, Dumornay a assisté aux deux buts de la seconde période pour offrir les trois points de la victoire à sa nouvelle écurie. Pour sa première titularisation lors du match suivant de Reims, elle a marqué deux buts et a délivré une passe décisive lors de la victoire 5-2 sur Bordeaux, qui a terminé troisième derrière le Paris Saint-Germain et Lyon la saison dernière. Adaptation rapide !!!
Ne cessant d’empiler des distinctions individuelles, la Mirebalaisienne a été élue meilleure jeune joueuse de l’année 2022 par le journal brésilien Planeta Fùtbol féminin. Et semblerait-il que d’autres distinctions arriveront. Les fans y croient !
Si plus d’un considèrent Melchie Daëlle Dumornay comme étant déjà le meilleur athlète haïtien de tous les temps, pour d’autres, c’est juste une question de temps pour que la polyvalente joueuse haïtienne ait cette place dans le sport haïtien.
Vous en dites quoi ?
John Sterlin CELESTIN / totalmixradio.com