La FIFA a conclu son 70e congrès ce vendredi par un vote (193 voix pour, 1 contre) encourageant l’assouplissement des conditions d’éligibilité des binationaux en sélection et modifiant l’acquisition de la « binationalité ». À l’instar des juniors, les joueurs de football de la catégorie senior possédant deux nationalités pourront eux aussi changer de sélection s’ils remplissent certaines conditions.
« Cela touche beaucoup d’entre vous, il y a certaines situations difficiles que nous avons eues par le passé qui vont être évitées à l’avenir je pense que c’est une bonne nouvelle. » Le président de la FIFA Gianni Infantino a prononcé cette phrase avant même que les amendements pour l’assouplissement des critères d’éligibilité d’un joueur « binational » en sélection soient officiellement adoptés. C’est dire si c’était attendu. Avoir joué pour une nation ne sera donc plus un obstacle au changement de nationalité sportive pour les seniors au football… à condition de remplir ces quatre critères :
♦ Avoir joué moins de trois fois pour la première équipe
♦ Avoir été âgé de moins de 21 au moment de sa dernière sélection
♦ Ne plus avoir été appelé en sélection depuis au moins 3 ans
♦ Ne pas avoir disputé de finale de coupe du monde ou d’un tournoi continental
Gros lot pour le Maroc
La Fédération royale marocaine et son président n’y sont pas pour rien. Fouzi Lekjaa aurait grandement porté cette proposition d’assouplir les règles, voyant les talents à double nationalité qui ont échappé aux Lions de l’Atlas. À commencer par Munir El Haddadi. L’attaquant de Séville, à l’époque joueur prometteur du FC Barcelone, a fait une apparition de 15 minutes en 2014 sous les couleurs de la Roja. Vicente Del Bosque l’avait appelé pour remplacer Diego Costa, blessé aux ischio-jambiers.
Ces quelques minutes disputées contre la Macédoine, en marge d’un match qualificatif pour l’Euro 2016, ont bloqué l’international. L’attaquant n’a alors plus eu le droit de jouer pour le Maroc, dont il possède également la nationalité. En entrant sur le terrain il a signé son dévouement à la sélection ibérique… qui ne l’a plus jamais appelé ensuite.
Ils pourront aussi rejouer en sélection après quelques années d’absence
Anwar El Ghazi (25 ans), international néerlandais d’Aston Villa (passé par Lille), et Zakaria Bakkali (24 ans, Anderlecht), international belge, remplissent eux aussi les quatre conditions pour désormais rejoindre la sélection du pays d’Afrique du Nord. Ils n’ont pas joué en équipe nationale depuis respectivement 2015 et 2013.
Le 70e congrès a aussi mis l’accent sur le changement de nationalité. Les jeunes joueurs, prisés par les recruteurs à l’échelle internationale sont souvent amenés à déménager. De ce fait, ils passent des années dans une autre nation avec laquelle ils développent des liens au point de parfois vouloir se ranger sous les couleurs de la sélection associée. Dans le cas où un joueur aurait représenté son pays d’origine lors d’une compétition officielle ou d’un match international au niveau « jeune », au moment où il n’avait que cette nationalité, il pourra en acquérir une autre. S’il remplit ces trois conditions :
♦ Ne pas avoir représenté la 1re nation au niveau international en match officiel
♦ Ne pas avoir fêté son 21e anniversaire au moment du dernier match pour la 1re équipe
♦ Remplir l’une des conditions relatives au lien réel en terme de famille ou de durée
Si certaines mesures se sont assouplies, d’autres sont devenues plus rudes. Dorénavant, la durée nécessaire de stationnement dans un pays pour en acquérir la nationalité est déterminée par l’âge du joueur, s’il n’a pas de lien avec le pays par sa naissance ou sa famille :
♦ 3 ans sont nécessaires, si le joueur veut représenter un pays dans lequel il a déménagé avant l’âge de 10 ans
♦ 5 ans sont nécessaires pour un joueur qui voudrait représenter une nation dans laquelle il s’est installé entre ses 10 ans et ses 18 ans. Il doit pouvoir montrer que le déménagement n’était pas dans le but de jouer pour la nation en question. La commission doit, dans ce cas-là, donner son avis.
Un long processus
Le statut des binationaux ne cesse d’être modifié dans un contexte où le football ne cesse de se mondialiser. Chaque amendement, comme ceux présentés ce vendredi, nécessitent un « long processus » comme l’appellent les membres de la FIFA qui a pour but de « moderniser la réglementation tout en gardant les principes fondamentaux liés à l’éligibilité des joueurs en équipe nationale ».
On sait que le Qatar, friand dénicheurs de binationaux, accueillera la Coupe du monde de football en 2022 et présentera alors son équipe lors des phases finales. À côté de cela, des rumeurs annonçant Zinédine Zidane sélectionneur avaient été lancées par le milliardaire égyptien Naguib Sawiris, entre autres. Alors que la dernière modification parlante datait des années 2000, l’assouplissement de la loi pour les binationaux ne serait-elle pas anodine à deux ans seulement du Mondial ?
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