Le « char des jours » défile en permanence au cortège de l’existence. Le vendredi 14 août 2020 restera l’une des dates les plus sombres de notre histoire de peuple sportif. Ce jour-là, les Haïtiens de partout reçurent un terrible coup de massue en apprenant la choquante disparition de l’illustre « libéro national » Ernst Jean-Joseph.
Comme ses partenaires de la valeureuse GÉNÉRATION TOUP POU YO, notre « Tinès national » a atteint le sommet des héros depuis la conquête de notre premier billet mondialiste enlevé de haute lutte par la sélection nationale de football lors du Prémondial de la CONCACAF disputé en Haïti, du 29 novembre au 18 décembre 1973. La présence des bicolores sur le plateau de la Coupe de 1974 marqua la fin d’une savoureuse aventure.
C’est un honneur de se retrouver devant la dépouille mortelle de ce grand serviteur du sport national. Pour tout ce qu’il a offert aux sportifs haïtiens, Ernst Jean-Joseph mérite largement ce cortège d’hommage de toutes les couches de la société haïtienne. Au revoir Tinès et merci !
Ainsi, depuis le vendredi 14 août, le génial Ernst Jean-Joseph a retrouvé sur le « terain des vedettes disparues » ses coéquipiers du contingent national 1974 : Fritz Léandre, Arsène Auguste, Emmanuel Sanon, Guy François, Serge Racine, Claude Barthelemy et Roger Saint-Vil. C’est un lourd fardeau pour le pays d’assister de temps à autre au départ vers l’au-delà de ces étoiles du ballon rond qui nous ont fait vibrer au cours d’une excitante et mémorable épopée.
Sur la tribune de la reconnaissance, le Centre de Promotion Sportive (CPS) pense avoir fait oeuvre qui vaille en proposant, dès l’annonce du décès de Tinès, l’organisation de funérailles officielles en vue de couronner l’exceptionnelle carrière de ce célèbre libéro qui a fait ses adieux au monde des vivants après avoir charmé les sportifs de plusieurs générations. Le deuil est national. Au revoir Tinès et merci !
Par sa classe débordante, Ernst Jean-Joseph a, en quelque sorte, établi une « école de libéro ». Une révolution. Libéro modèle, il a donné une autre dimension à ce poste où il fit souvent oublier qu’il était un défenseur. Car ce qu’il réalisait balle au pied devant la cage du Violette et de la sélection nationale portait l’empreinte d’un meneur de jeu ou d’un attaquant de haut niveau technique.
Par son monumental talent, le phénomène Tinès Jean-Joseph transforma parfois le ballon rond en plume pour écrire de spectaculaires pages destinées notamment aux défenseurs qui ont peur d’oser. Car il maitrisa la balle comme une cuillère. Au Violette comme en sélection nationale, il prouva que la technique et la vision n’ont pas de frontière.
En définitive, Ernst Jean-Joseph est une « flamme éternelle », un trésor pour le sport national, un monument, une légende, une source d’inspiration pour les futures générations, une histoire vivante pour la postérité.
Mission accomplie pour ce génial libéro, adepte du football spectacle. Au revoir Tinès ! Bon voyage et merci
Raymond Jean-Louis
lenouvelliste.com