Ils étaient nombreux à espérer que la sélection nationale haïtienne rentrerait en Haïti après son parcours glorieux à l’édition 2019 de la Gold Cup. Si plusieurs ont été accueillir Steven Saba, revenu au pays ce jeudi 4 juillet, les autres auraient aimé voir leurs idoles et les saluer. Pourquoi ne sont-ils pas revenus ?
Les joueurs de la sélection nationale haïtienne ne devraient pas pouvoir venir dans l’immédiat saluer leurs fans en Haïti. Raisons professionnelles obligent, ils se trouvent presque tous dans l’obligation de rejoindre leurs clubs respectifs. Si la sélection nationale haïtienne est éliminée prématurément par l’arbitre qatari, labellisé mexicain par Wikipedia jusqu’au mercredi 3 juillet, Abdylrahman Al Jassim, il n’y a plus de raisons pour les joueurs de ne pas être disponibles pour leurs clubs respectifs déjà en préparation pour la saison 2019-2020. Ils n’ont plus d’arguments pour justifier leur absence, ne serait-ce pour venir faire plaisir à leurs fans passionnés.
En effet, l’AJ Auxerre où joue Arcus Carlens a déjà repris les entraînements depuis le 19 juin et c’est important pour un joueur de participer à la préparation foncière avec le groupe pour une meilleure intégration et un meilleur début de saison. Le Havre où joue Hervé Bazile a déjà repris les préparations de la saison 2019 – 2020 depuis le 20 juin. Strasbourg où jouera Fredler Christophe est en préparation depuis le 23 juin. Bryan Alcéus, qui évolue lui aussi en France, tout comme Isaac Rouaud, est concerné par la reprise.
Ceux qui jouent hors de France ne sont pas exempts de cette exigence. Le club où évolue Wilde Donald Guerrier, Qarabag FK, est concerné par la Champions League, d’où l’obligation pour l’international haïtien de rejoindre l’Azerbaidjan le plus rapidement possible puisque n’étant plus retenu par les exigences de la compétition qui justifiait son absence en club. Alex Christian Jr aussi est contraint de partir rejoindre son club arménien qui doit disputer les préliminaires de la Champions League. Jonel Désiré, Andrew Jean-Baptiste, Jems Geffrard, Frantzy Pierrot sont eux aussi concernés par la reprise. Autant dire que si ce serait très gentil pour eux de venir saluer leurs supporters en Haïti, les exigences professionnelles, le coût et les fatigues supplémentaires qu’exigerait un tel détour pour des joueurs qui seront privés de vacances cette année les contraignent de s’en passer d’autant qu’ils ont besoin d’être en bons termes avec leurs clubs respectifs pour être plus à l’aise quand ils devront revenir en Haïti en septembre disputer la Ligue des nations contre Curaçao et le Costa Rica.
Ménager sa monture pour aller plus loin
Qui veut aller loin ménage sa monture, enseigne le dicton. Haïti a besoin de ses joueurs dès septembre pour défendre sa place dans la catégorie A de la Concacaf en Ligue des nations de la Concacaf. Haïti jouera contre Curaçao que les Etats-Unis n’ont pu battre que sur le score minimum de 1-0 en quarts de finale et contre un Costa Rica qui voudra reprendre sa revanche après sa défaite contre Haïti en Gold Cup.
Un combat à mener en dehors du terrain
Ce qui s’est passé en demi-finale de la Gold Cup 2019 nous rappelle que lorsque les sélections nationales haïtiennes sont engagées dans des compétitions dans la région, le combat n’est pas seulement sur le terrain, mais aussi en dehors du terrain. Pour gagner, il faut un parcours excellent. Bien jouer ne suffit pas pour gagner contre tout le système qui entoure le sport aujourd’hui. Il faut pouvoir faire bouger le marché qui entoure le sport.
Pays d’économie précaire, Haïti ne dispose pas assez de ressources pour faire vendre les maillots, faire vendre les billets d’accès aux différents stades, acquérir les droits de retransmission des matches. Conséquences : quand elle est engagée dans une compétition internationale, c’est un duel qui met aux prises la pauvreté et le marché du sport, un combat entre ceux qui ont les moyens de consommer et celui qui n’apporte que son spectacle et sa passion, c’est un match à disputer et contre la sélection d’en face et contre son public et contre l’arbitre et contre la soif de gagner à tous les prix dans le camp adverse.
Sachant que quand la sportivité fout le camp il ne reste que la victoire des moyens à n’importe quel prix, même celui de la dignité pour l’adversaire, il nous faut nous passer de nos envies de voir nos héros pour pouvoir les revoir lors des dates FIFA avec plus d’aisance pour qu’ils continuent de défendre les couleurs haïtiennes contre parfois même une absence de sportivité, car quelle fierté peut-on tirer d’une victoire comme celle du Mexique contre Haïti lors de la Gold Cup, sinon le sentiment de pouvoir dire à ses sponsors : nous avons encore gagné. Peu importe le prix ?
Enock Néré
lenouvelliste.com