Tomber au réveil sur une information qui vous assomme, ça fait partie, comme une routine, du quotidien de notre pays depuis quelque temps. On souhaite même parfois que la nuit s’allonge, parce qu’au lever du jour, c’est une mauvaise nouvelle qui vous accueille, 99 fois sur 100.
Mais la terrible nouvelle qui m’assomme ce matin et qui renverse la Cité de l’indépendance et ses environs, c’est le décès de l’entraîneur gonaïvien Mompoint Jean-Pierre, l’une des icônes du sport national.
En effet, la disparition de l’entraîneur Jean-Pierre est une perte monumentale pour la ville des Gonaïves, pour l’Artibonite, pour le pays. Car, entraîneur et formateur, il alignait compétence, expérience, sagesse, passion saine, amabilité et souci pour le service. Malheureusement, cette «race» de citoyens responsables est en voie de disparition sur la terre de nos ancêtres.
Homme exemplaire d’une honnêteté incontestable, sportif jusqu’au plus profond de son être, citoyen digne de respect, l’entraîneur Jean-Pierre restera, même dans l’au-delà, un modèle et une boussole pour les sportifs de la terre salée, pour toute la société gonaïvienne. Par sa disparition, il engendre, en quelque sorte, des orphelins et des orphelines dans toute l’Artibonite, l’un des bastions du football haïtien.
Pour moi, c’était à chaque occasion un privilège de m’entretenir avec ce monument sportif qui m’accueillait toujours avec un sourire complice, parce que nous faisons partie de la même école, celle qui valorise la sportivité, la convivialité, la moralité, l’intégrité et la dignité.
Avec le départ de l’entraîneur Mompoint Jean-Pierre qui vient de franchir la porte du «château des légendaires», Gonaïves pleure. J’espère que les larmes des habitants de cette fière cité constitueront une rivière qui alimentera la terre sportive artibonitienne, pour générer d’autres dirigeants, d’autres techniciens, d’autres sportifs de l’envergure de ce grand et «immortel disparu».
Toute la société sportive haïtienne salue donc le départ de l’entraîneur Mompoint Jean-Pierre. Ses funérailles seront chantées le samedi 1er juin en la cathédrale du Souvenir des Gonaïves, l’un des monuments de cette ville qu’il a portée dans son coeur depuis sa naissance jusqu’à son dernier soupir.
Au revoir entraîneur Jean-Pierre! Je te redis au revoir. Parce qu’il est difficile de te dire adieu, toi, honorable serviteur du sport, qui as tant donné à ta ville natale et à ton pays.
Raymond Jean-Louis