Les dirigeants de la Fédération Haïtienne de Football (FHF) et la chaîne de télévision allemande, SAT I ont donné une conférence de presse lundi au local de l’hôtel le Plaza pour officialiser l’accord qui lie ces deux instances. A l’issue de cette conférence de presse, le Nouvelliste a rencontré le rédacteur en chef de SAT I Sven Fruberg, pour plus de précision.
Le Nouvelliste : Monsieur Fruberg, vous êtes rédacteur sportif en chef de SAT I, une chaîne de télévision basée en Allemagne, alors, comment êtes- vous entré en contact avec la réalité sportive haïtienne pour vouloir apporter votre contribution dans la reconstruction du football haïtien après le 12 janvier ?
SF : L’histoire est une histoire triste. Immédiatement après le 12 janvier, Sven Fruberg avait vu les images de ce qui s’est passé en Haïti à la télévision. Bouleversé, il s’est dit qu’il fallait faire quelque chose. Il a cherché à nouer les contacts avec les dirigeants de la fédération mais quand il a pu trouver le numéro de téléphone du président, le black berry de ce dernier était sous les décombres. Quand finalement, il avait pu prendre contact avec le président de la fédération haïtienne de football, il ne voulait pas croire à la volonté d’aider manifestée par SAT I. Sven Fruberg, a dû contacter le fils du président qui finalement a convaincu son père que nous voulions vraiment aider. Ils ont accepté notre forme d’aide, et nous avons contacté les gens pour faire le match. C’est l’ambassadeur allemand lui-même qui avait délivré les visas. Le match a lieu et les allemands ont perdu 6-2. Cependant, même après le match, les dirigeants de la fédération, on doutait encore parce que beaucoup de gens avaient promis sans tenir leur promesse.
LN : Qu’est-ce qui vous a poussé à décider que cette aide se matérialise en une académie de football?
SF : Tout s’est décidé dès le départ. Dès les premiers échanges avec les responsables de la Fédération, ils nous avaient dit qu’ils souhaitaient avoir une académie de football. Quand on a considéré l’aspect formation et éducation sans oublier l’aspect humanitaire de ce que voulait la Fédération, on a accepté ?
LN : Qu’est-ce qu’il y aura dans cette académie ?
SF : L’Académie aura des dortoirs, des salles de classes, une cantine, une infirmerie, une bibliothèque, des livres, une infrastructure où loger le directeur technique, une pour loger la sécurité, un terrain de foot, en gros tout ce qui peut entrer dans la formation d’un jeune. C’est ce que nous avons actuellement qui est assuré par SAT I. Seulement SAT ne peut pas et n’assurera pas les frais de roulement (nettoyages, cuisinière etc) de cette Académie. Ce sont les dirigeants d’ici qui devront s’en occuper.
LN : Quand les travaux de construction vont-ils commencer ?
SF : On a l’ambition de commencer les travaux au cours du mois d’octobre. Cependant, nous n’avons pas tous les paramètres ce concernant. Nous devrons par exemple importer certaines choses pour réaliser la construction et il faudra que nous ayons l’aide des autorités dans ce domaine. Si cela se fait, nous comptons commencer la construction dès la première semaine d’octobre et elle devrait se terminer à la fin de l’année.
LN : Considérant que le football ne sera pas reconstruit en l’espace d’un an, cet accord va durer combien de temps ?
SF : Comme chaque métier, on pourrait espérer que cela dure toujours mais on va surtout commencer à voir ce qui se fait dans l’immédiat. Notre rêve est d’amener les entraîneurs allemands en Haïti parce que nous savons qu’ils sont bien formés non seulement techniquement mais aussi psychologiquement Par exemple Martin Luther King a eu un rêve mais il n’a pas eu le temps de voir se concrétiser son rêve mais son rêve est en train de se réaliser aujourd’hui. Obama est président des Etats-Unis. SAT I a comme slogan « colore la vie » et dans le contexte où nous sommes, cela voudrait dire contribuer à apporter un peu de bonheur aux Haïtiens. Beaucoup de gens en Haïti ont cru que le tremblement de terre du 12 janvier est la conséquence du péché de ceux qui sont morts, mais, je me demande si on ne devrait pas le considérer comme un moyen chèrement payé il est vrai que Dieu choisit pour soulager la souffrance des autres et permettre au monde entier de contribuer à offrir un peu de bonheur aux survivants.
LN : Vous qui diffusez la Ligue des Champions sans compter de nombreuses autres compétitions, comment pourriez-vous aider à réhausser l’image du footballeur haïtien?
SV : Certainement c’est mon rêve (Sven) de voir les produits de cette académie évoluer un jour dans le championnat de football allemand et même dans les autres championnats européens. C’est pourquoi on a l’intention d’envoyer des entraîneurs allemands qui auront la mission d’évaluer les jeunes joueurs et nous pister sur les jeunes athlètes qui soient à même d’évoluer dans le championnat allemand. SAT I a, aussi, l’intention de contribuer à mieux faire connaître Haïti quand il y a de bonnes nouvelles.
Le football peut changer le monde, il peut changer l’univers haïtien. Si le peuple pourrait voir ses héros évoluer dans les grandes compétitions européennes, je pense que ce serait fantastique alors pourquoi ne pas d’abord commencer par la construction de cette académie ?
Sven Froberg traduit par Elmar Frank
Propos recueillis par
Enock Néré
nenock@yahoo.com