Dossiers brûlés au ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique, trou budgétaire, réouverture d’institutions fermées, rumeurs de promesses farfelues et d’actions cosmétiques, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique ne cesse de faire parler de lui depuis l’arrivée du nouveau ministre Edwing Charles. Le boss du MJSAC en parle.
Edwing Charles : Le président de la République, Son Excellence Monsieur Jovenel Moïse, à travers le gouvernement de la République dirigé par le Premier ministre Jean-Henry Céant, m’a chargé de poursuivre la mise en œuvre d’une politique de jeunesse et de sport cohérente. Les objectifs de ma feuille de route s’articulent autour de la politique du gouvernement pour l’intégration de la jeunesse haïtienne, le développement du sport à travers tout le pays et la participation citoyenne par des actions civiques concrètes pour la valorisation de l’être haïtien. La poursuite de ces objectifs crée au sein de mon ministère une dynamique de travail qui, depuis septembre dernier, a nécessité plusieurs actions qui sont actuellement en cours d’exécution, chacune avec leur délai respectif. Par exemple, l’action de mobilisation de la jeunesse n’a pas le même délai que celles qui consistent à remettre en fonction les organes de formation du MJSAC, et il en est de même de celles qui concernent le programme d’installations sportives dans toutes nos communes.
Quel agenda avez-vous mis en place pour accomplir la mission à vous confiée ?
Edwing Charles : À mon arrivée au MJSAC, ma première préoccupation était de faire un état des lieux afin de mieux cerner les environnements interne et externe du MJSAC ainsi que les ressources humaines, matérielles et financières placées sous ma responsabilité pour accomplir la mission qui m’a été confiée. D’entrée de jeu, j’ai programmé des séances de travail périodiques avec les responsables des trois domaines d’intervention du MJSAC qui sont la Jeunesse, le Sport et l’Action civique pour dégager ensemble des stratégies d’intervention pour des projets axés sur des résultats. Il s’en est suivi des rencontres avec les directions départementales, le Comité olympique haïtien (COH), les fédérations et associations sportives, les associations de jeunesse, la presse sportive, des ambassades, notamment celles du Canada, de Cuba et de Taiwan. J’ai aussi sillonné toute l’étendue du territoire national pour visiter les installations sportives où des actions sont déjà engagées dans plusieurs d’entre elles. Des dispositions ont été prises pour relancer le sport scolaire à travers toute la République et desservir la population en matière d’activités socioéducatives, en témoigne la reprise du programme week-end des jeunes. La commémoration des événements nationaux tels le 17 octobre et le 18 novembre a aussi retenu toute mon attention et des activités y relatives ont été organisées malgré les contextes difficiles que l’on a connus. Je suis actuellement en train de finaliser la prise en main administrative du MJSAC qui s’est révélée être un dossier complexe, mais indispensable à la poursuite des objectifs stratégiques fixés par le gouvernement.
Votre arrivée au ministère coïncide avec une affaire de documents brûlés et d’un pseudohéritage de trou budgétaire étonnant. De quoi s’agit-il en réalité ?
Edwing Charles : Du point de vue administratif, ce qui retient l’attention en tout premier lieu dans le fonctionnement du MJSAC est un énorme déficit de normes et procédures. Dès lors, toutes les dérives deviennent possibles, et c’est à l’autorité ministérielle que je suis qu’il revient de prendre des dispositions conformément aux pouvoirs dont je suis investi par le décret du 17 mai 2005 portant organisation de l’administration centrale de l’État, particulièrement en ce qui concerne les pouvoirs de gestion, de réformation et de discipline. Effectivement, à proximité de la direction des Affaires administratives et du Budget, il y a eu une évidence de traces de documents brûlés. Les autorités judiciaires ont été appelées pour faire un constat légal et des cadres ont été chargés de faire le suivi. Quant à l’héritage de trou budgétaire, il s’agit surtout d’une incapacité de payer des employés contractuels ; car le nombre de contrats signés pour l’exercice 2017-2018 a été au-delà des disponibilités budgétaires.
Des trois institutions en veilleuse ENTS, INJESS et Centre Mickael Sylvestre, vous avez choisi de réveiller le Centre Mickael Sylvestre. Était-ce votre priorité ou celle du gouvernement ?
Edwing Charles : Permettez-moi tout d’abord de rappeler les missions de ces trois organes de formation du MJSAC .L’École nationale des Talents sportifs (ENTS) a été mise en place pour offrir à de jeunes talents des programmes d’excellence sports-études visant à favoriser l’émergence de sportifs de haut niveau dans divers sports pratiqués en Haïti. L’Institut national de la Jeunesse et des Sciences du Sport (INJESS) a été créé pour prendre en charge la formation des cadres en matière d’activités sportives, socioéducatives et civiques. L’École l’Espoir Mikael Sylvestre est un dispositif d’insertion sociale par l’apprentissage d’un métier.Des inscriptions ont été lancées pour une nouvelle promotion de l’Ecole de l’Espoir. Cette décision relève de la volonté de remettre en fonctionnement les organes de formation du MJSAC pour un meilleur accompagnement de la jeunesse conformément aux vœux du président de la République et du Premier ministre. Après l’École de l’Espoir Mikael Sylvestre, la réouverture de l’INJESS et de l’ENTS suivra dans les meilleurs délais. Il convient aussi de souligner que la formation dispensée à l’École l’Espoir ne se limitera pas seulement à l’apprentissage d’un métier, mais visera à mettre à la disposition des communautés un professionnel qui, tout en exerçant sa profession, est capable de participer à l’accompagnement des jeunes dans ses heures de loisirs.
Reverra-t-on l’ENTS revivre ?
Edwing Charles : La réouverture de l’ENTS me semble être un passage obligé pour garantir l’évolution convenable de nos jeunes talents et élever le niveau de performance sportive de la nation. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir les performances de nos sportives et sportifs qui ont eu l’opportunité de fréquenter une telle école.La mise en place d’une commission chargée de cette réouverture est en cours.
Qu’en est-il des projets de loi qui dorment dans les tiroirs du ministère ?
Edwing Charles : : En ma qualité d’homme de loi, je suis particulièrement sensible à l’aspect légal du fonctionnement du MJSAC. Des travaux de grande envergure ont déjà été réalisés. Un suivi est actuellement en cours sur la loi portant organisation et fonctionnement du MJSAC et la loi définissant le cadre général de la pratique sportive en Haïti. Dans ce domaine de législation, nous sommes plus près de la ligne d’arrivée que celle de départ, et d’autres lois d’application sont déjà à l’étude. Par exemple, le mouvement sportif haïtien ne pourra pas continuer à évoluer sans des lois spécifiques portant sur le financement du sport, les infrastructures sportives, la qualification des intervenants sportifs, l’assurance médicale sportive, le sport professionnel, etc. À noter qu’un projet de décret sur le dopage dans le sport a déjà été, par mes soins, acheminé aux autorités concernées.
lenouvelliste.com