Sur les trois participations haïtiennes dans une phase finale de Coupe du monde de football, c’est la première fois qu’un joueur haïtien réussit cet exploit.
Avec trois buts en tout, en trois matchs, dans la compétition, Nérilia devance tous les autres buteurs haïtiens en Coupe du monde.
Mieux, contre l’Allemagne, Nérilia finit « Meilleure joueuse de la rencontre ». Excusez du peu, mais aucun joueur de football haïtien n’a déjà reçu pareille distinction lors d’une coupe du monde.
Et comme il s’agit de football féminin, parent pauvre d’entre les parents pauvres de nos équipes de football, l’exploit de Nérigòl est tout simplement stratosphérique.
Nérilia s’est aussi imposée pendant toute la compétition comme capitaine de l’équipe nationale mais aussi comme celle qui a la plus grande expérience du haut niveau. N’est-elle pas la seule joueuse du Onze national qui joue dans une équipe professionnelle en France?
Par son physique, sa technique et son talent, elle a pesé sur tous les adversaires d’Haïti.
Aux côtés de Nérilia, c’est toute l’équipe haïtienne des moins de vingt ans qui mérite de chaudes félicitations. Haïti a perdu ses trois matchs contre la Chine, le Nigéria et l’Allemagne mais jamais avec plus d’un but d’écart. Nos filles ont été valeureuses.
Et même si trop souvent on s’est plaint du coaching de l’entraîneur Marc Collat, celui-ci a su conduire notre équipe parmi 16 pays pour jouer la phase finale de la Coupe du monde et pousser ses poussins à marquer deux buts face à l’Allemagne qui menait 3-0, ce n’est pas peu.
Il faut aussi rendre hommage aux entraineurs Kowsky St-Vil et Fiorda Charles avec qui la phase de qualification a débuté.
Finir éliminées comme toutes les autres équipes de l’Amérique ce n’est pas un objet de satisfaction, mais cela permet de jauger de la valeur de nos joueuses par le bas.
En fait, ce n’est pas seulement Nérilia qui mérite l’amour du public haïtien mais toute l’équipe qui a su monter en puissance en dépit du handicap flagrant que constitue le manque de compétition.
Et encore se pose la question de l’avenir dHaïti dans le football mondial. Nous avons l’envie de jouer et les talents pour briller mais l’intendance ne suit pas. Pas de compétition et surtout pas d’ambition nationale pour faire de ce sport notre carte de visite.
En dépit des résultats accumulés au cours des décennies depuis 1974 avec les équipes haïtiennes de football, nos dirigeants du secteur privé comme du secteur public rechignent à parier sur nos joueurs, sur les compétitions locales, sur nos sélections nationales. Il n’y a que des poussées de fièvre sporadiques.
Les maisons que le président Jovenel Moïse annonce qu’il fait construire pour les joueuses de l’équipe U20 ou les provisions pendant une année que la chaîne de supermarchés Delimart va offrir aux joueuses sont des gestes honorables et à multiplier.
Cependant, ni les maisons ni les paniers remplis de provisions ne vont faire avancer le football en Haïti.
Si nous aimons Nérilia et ses coéquipières, il faudra faire plus. Pour toute la filière football. Pour toutes les équipes. Pour toutes les compétitions. Pour le football féminin comme pour celui des hommes. De la catégorie minime aux seniors.
On n’aime pas le football si on n’aime que le temps d’un but. D’un match. D’une équipe. D’une coupe du monde.
En football comme en passion amoureuse, amour doit rimer avec toujours.
Et pour ceux et celles qui découvrent Nérilia ou Melchie Daëlle Dumornay, aka Corventina, avec cette Coupe du monde, merci de lire les articles de Légupeterson Alexandre, d’Enock Néré ou de Winnie Hugot Gabriel sur ces étoiles haïtiennes du football qui brillent depuis plusieurs années déjà et raflent les distinctions comme les commentaires élogieux.
Frantz Duval
lenouelliste.com