Dans le cœur du département du Centre d’Haïti, niché entre des collines verdoyantes, se trouve la commune de Lascahobas.
Dans le cœur du département du Centre d’Haïti, niché entre des collines verdoyantes, se trouve la commune de Lascahobas. Autrefois connue pour ses acajous majestueux, aujourd’hui, elle porte les stigmates d’une gouvernance défaillante et d’une inaction citoyenne déconcertante. À mesure que les années passent, la ville semble sombrer dans un gouffre d’inepties administratives, où chaque nouvelle décision municipale se révèle plus pernicieuse que la précédente.
Récemment, la municipalité a franchi une nouvelle étape dans l’art de la mauvaise gouvernance. Le seul terrain de football de la ville, espace vital pour les jeunes et les passionnés de sport, a été transformé en marché public. Cette décision, prise sans consultation ni réflexion, laisse la communauté sportive et les citoyens consternés.
Cette fin de mois de juillet, une date qui restera marquante dans l’histoire locale comme un symbole de l’ineptie administrative, le parc St-Gabriel a officiellement cessé d’exister. Ce lieu jadis dédié à l’épanouissement sportif et communautaire est désormais envahi par les étals et les marchandises. Cette transformation grotesque n’est pas seulement une atteinte à l’espace public, mais également un affront à la jeunesse de Lascahobas, qui voit son unique refuge sportif anéanti.
Les acteurs de la décision
Madame Rodelie Cariétane Baldé, agent intérimaire de la commune, dirige Lascahobas depuis son domicile à l’étranger. Selon Fredner Joseph, elle est malade et reçoit des soins en dehors du pays. Cette situation ubuesque, où une dirigeante gouverne une commune à des milliers de kilomètres, illustre à merveille le détachement et l’inefficacité des autorités locales. À ses côtés, les maires adjoints Fredner Joseph et Junior Pierre orchestrent les décisions sur le terrain. Ensemble, ils forment une équipe dont les choix sont de plus en plus contestés par la population.
Cette résolution de transformer le parc St-Gabriel en marché public a été prise malgré l’opposition véhémente du secteur sportif et de nombreux citoyens. Ces derniers avaient pourtant proposé des alternatives viables, mais leurs voix n’ont pas été entendues. Les autorités municipales ont préféré imposer leur décision par la force, ignorant les besoins et les désirs de la communauté.
« Nous avons proposé de manière provisoire à la mairie de Lascahobas de réhabiliter une grande partie du marché public qui n’est pas utilisé pour le moment, faute de nettoyage. Ensuite, d’interdire les véhicules (camions, voitures, motocyclettes) de fonctionner sur les voies que les marchands utiliseront durant les deux jours de marché (mercredi et samedi). Parallèlement, une autre route sera réservée aux camions de chargement et nous avons suggéré à la mairie de rendre à sens unique la rue Jean Pierre Boyer et deux autres rues pendant les jours de marché », explique Brévil Anderson au quotidien Le Nouvelliste.
En clair, les acteurs sportifs ne se sont pas contentés de dénoncer, ils ont proposé également des solutions. « Comme résolution idéale et à long terme, nous avons demandé à la mairie de récupérer les trois hectares de terre déjà disponibles pour un marché moderne que le PNUD et le Canada sont déjà prêts à financer », poursuit Brévil Anderson, membre fondateur de COFI et de Fortifiant École de Football.
L’échec de la gouvernance locale
La situation de Lascahobas est révélatrice d’un mal plus profond qui gangrène la gestion locale. Le directeur départemental du MJSAC du Centre, Menotty Brizard, n’est pas toujours au courant des dossiers des différentes villes. En témoigne cette phrase laconique: « Malheureusement, je n’ai pas cette information. » La ville est en proie à une insalubrité chronique, accentuée par une gestion urbaine chaotique. Les projets d’adduction d’eau potable échouent les uns après les autres. Les autorités, plutôt que de chercher des solutions, semblent se complaire dans l’incompétence.
Wood Emmanuel Auguste
lenoulliste.com