Véritable guerrière, Roselord Borgella s’est exprimée au micro de la FIFA en février 2023 avant de se lier à ses coéquipières pour affronter le Chili lors des barrages de la Coupe du Monde féminine. Faisant part de son histoire émouvante à FIFA+, l’internationale haïtienne dit avoir vécu plus de moments difficiles dans sa vie que de bons moments.
À 29 ans, Roselord Borgella a vu le bout du tunnel : qualification historique de la sélection haïtienne féminine de football pour la neuvième édition du mondial féminin en Australie et en Nouvelle-Zélande. Une réussite pour Borgella dans sa carrière en tant que footballeuse. L’attaquante haïtienne a facilité l’accomplissement de sa sélection dans la fête mondiale à venir en juillet prochain.
Roselord a débuté à l’Essentiel SC en Haïti avant de s’envoler pour les États-Unis où elle a déposé ses valises chez les Boston Breakers puis au Indiana FC aux États-Unis. Roselord a déclaré : “J’ai fait beaucoup de sacrifices”. Remplie d’émotions, elle a martelé : “C’est moi qui ai tout fait toute seule, je n’ai eu l’aide de personne, sauf celle de Dieu. Même moi je ne comprends pas comment j’ai réussi.”
Roselord a avoué qu’elle a dû aller chercher des contacts sur Facebook et autres réseaux sociaux pour trouver des clubs qui seraient en mesure de lui proposer des stages ou des essais, et ensuite payer elle-même son billet d’avion pour se rendre dans des contrées lointaines où la barrière de la langue n’est qu’un des nombreux obstacles qu’elle devrait contourner. Cela l’a amené en République de Corée (considéré comme échec), au Suwon WFC.
CONTINUITÉ DE LA LUTTE
Pour environ trois mois passés en Asie, l’attaquante ne s’est pas retrouvée dans sa peau, surtout avec le sentiment de discrimination. “C’est un échec que je n’oublierai jamais et qui m’a motivée… Mon contrat a été résilié du jour au lendemain.” a déclaré Roselord. Rentrée en Haïti, elle a menti à sa mère en lui disant qu’elle avait obtenu un meilleur contrat en Haïti.
Débrouillarde, Roselord a pu trouver d’autres contacts et s’est jetée au Chili au sein de Santiago Morning. Contrairement à Colo Colo qui n’a pas accepté sa candidature faute de vidéos de ses buts à visionner, Santiago Morning lui a ouvert les portes pour un essai de trois jours.
N’ayant un sous en poche, Santiago Morning a logé Roselord dans l’hôtel de l’équipe et elle a pu envoyer l’argent économisé sur son loyer à sa famille, en Haïti. Les dirigeants de Santiago Morning l’ont soutenu et elle devait travailler malgré tout dans l’hôtel, comme femme de ménage. Sur ces mots, Roselord s’est fondue en larmes qui a interrompu l’entrevue durant quelques minutes, submergée sur cette partie émotive de sa vie.
TRÈS RECONNAISSANTE
102 buts en seulement deux saisons, Roselord a vécu ses plus belles années au sein de ce club où elle a terminé comme meilleure buteuse du championnat à deux reprises. Très reconnaissante, la droitière lâcha ces mots : “Si je n’avais pas eu l’opportunité de jouer au Chili, ma carrière de footballeuse aurait été finie. Si le Chili ne m’avait pas donné l’opportunité de voyager là-bas, c’était fini pour moi.”.
Suite à tant de dégoût et de sacrifices personnels, l’ancienne du GPSO 92 Issy a gagné une bataille en devenant joueuse professionnelle. Après le Chili, la Grenadière a connu un passage en Israël au Maccabi Hadera en 2020, où elle avoue avoir “été traitée comme une reine”.
Lançant qu’à la fin de sa carrière, elle serait heureuse de dire qu’elle a joué la Coupe du Monde, après la qualification, en voyant les nuages noirs du passé restés à bonne distance, Roselord a vu la concrétisation d’un rêve.
John Sterlin CELESTIN / totalmixradio.com