Après la fermeture du processus d’inscription (20 septembre) devant déboucher sur le choix d’un nouveau Directeur Technique National au sein de la Fédération Haïtienne de Football, les débats font rage surtout que le nom de l’Espagnol Benito Floro Sanz (70 ans, photo), ancien entraîneur du Real Madrid (entre 1992 et 1994), résonne fort dans la liste des postulants (5 Haïtiens) déjà connus pour le poste du DTN. Dans ce petit jeu, nombreux sont ceux qui ont laissé entendre, en fonction des prérogatives du régime de droit national, qu’un étranger ne peut pas être Directeur Technique National. En tenant compte des arguments avancés, on a pu constater pas mal de contrastes. Coup de projecteurs !
Il faut dire que ce débat, de très haut niveau, avait réuni dans un groupe whatsapp des cadres et de hauts dignitaires du sport haïtien en général et du football en particulier. On ne va pas, par respect pour ces illustres et éminents dirigeants, révéler leurs identités. La question : » Est-ce qu’un étranger peut être nommé Directeur Technique National » soulevée initialement, a été reformulée tout au long du débat de la façon suivante : » Est-ce que la FHF peut recruter un DTN en lieu et place du MJSAC » ?
La première réponse à cette interrogation a été : » Non de manière catégorique. Sa fonction (DTN) relève même des prérogatives du régime de droit national car il est un stratège national en matière de la définition et de la mise en pratique de la politique sportive au niveau associatif « , a réagi le premier intervenant qui rejette d’un revers de main toute l’idée d’embaucher un technicien étranger au poste du DTN de la Fédération Haïtienne de Football.
En réaction à cette intervention, un autre intervenant a fait les remarques suivantes : » Il y a eu, à un certain moment de la durée, un Directeur Technique Français. De plus, à ce que je sache, il n’y a pas eu à date de loi organique au MJSAC, le projet sur lequel, on avait travaillé en 2013, n’a semble-t-il jamais été voté au parlement. A moins que je sois totalement hors du coup et dépassé, mais cette question n’a plus jamais été débattue « , a-t-il dit pour semer un peu de contraste dans ce débat, déroulé dans un esprit de bon enfant où chacun essaie d’argumenter sur le rôle du Ministère des Sports et de la Fédération Haïtienne de Football.
Pour ce cadre, considéré comme une légende en matière du sport en Haïti, il faut qu’il y ait une entente entre les deux parties concernées. » A l’époque où j’ai travaillé sur les termes de références des Directeurs Rechniques Nationaux (DTN) et des Conseillers Techniques Régionaux (CTR), il était question qu’ils soient des fonctionnaires nommés après entente entre le ministre des Sports et un président de fédération. Qui dit fonctionnaire, dit un Haïtien qui fait carrière dans l’Administration Publique Nationale avec tous les privilèges que cela comporte. Plus récemment, on a parlé de contractuels engagés par l’État sur proposition des présidents de fédération. Car, il est plus facile de mettre fin à un contrat que de révoquer un fonctionnaire. Il y a pour le moment un déficit de législation en la matière. Les principes du sport devraient pouvoir s’imposer en faisant valoir la nécessité de rechercher la performance … et les détails administratifs seraient secondaires « , a-t-il argumenté.
Pour contrargumenter, l’homme de droit bien connu dans le milieu sportif haïtien, est plus que clair : » L’organisation du sport national repose sur le cadre juridique et légal. Présentement, il y a un vide juridique constaté. Toutefois, la définition de la Direction Technique Nationale relève de ce droit inexistant encore chez nous. Cependant, pour qu’un étranger puisse occuper certaine fonction stratégique, il faut d’abord se référer au statut (la loi existe) des étrangers en Haïti. Toutefois, dans le cadre de la coopération bilatérale, on peut toujours faire appel à des Conseillers étrangers avec des termes de référence bien définis « , a-t-il souligné.
A la question : qui a le droit de recruter un DTN, la réponse d’un intervenant a été simple et claire : » C’est la FHF qui recrute. Mais, le Ministre, en tant que garant de la bonne utilisation des fonds publics, doit donner son accord, a-t-il avancé. Abondant la question dans le même sens, un autre participant dit haut et fort : Les féderations peuvent, en fonction de leur autonomie, proceder au recrutement de leur personnel d’encadrement, nonobstant que s’agissant de ressortissants étrangers, ils remplissent les condition exigées par la loi sur l’immigration et l’emmigration. Cette loi est désuète, mais elle est encore d’application « , a-t-il fait remarquer.
Devant ce débat contradictoire, un intervenant croit savoir que : » Sérieusement, il doit bien exister des dispositions légales qui régissent le travail d’un étranger en Haïti. Dans nos législations futures, il faudra inévitablement débattre sur les limites de cette notion d’autonomie face aux questions d’intérêt public. Je prévois déjà des débats orageux « , a-t-il fait valoir.
Ce débat qui a attiré mon attention, est loin d’être terminé, car un autre participant a laissé entendre : » qu’il existe bel et bien des textes qui régissent le permis de séjour des étrangers en Haiti et les conditions exigées pour leur permettre de travailler dans le pays, mais ces textes ne sont plus appliqués depuis de nombreuses années.
S’agissant de l’autonomie des fédérations, elle est subordonnée au droit public et ne peut aller au sens contraire des intérêts généraux définis par les politiques nationales définies par le Ministère (quant elles sont effectivement definies et ce n’est pas souvent le cas) « .
Nous avons pensé (la rédaction de Totalmix) qu’il serait profitable pour que beaucoup plus de gens aient une idée sur les débats qui font rage concernant le poste de Directeur Technique National de la Fédération Haïtienne de Football, s’agissant en plus, des opinions des cadres et des hauts dignitaires du monde sportif haitien. Nous nous excusons auprès des aimables intervenants (qui essayent de sauver notre football) pour n’avoir cité aucun nom et partagé leurs avis avec l’auditoire de Totalmix.
Barbarah Bourdeau/totalmixradio.com