Dans le dernier budget national adopté par le gouvernement Joseph le 5 juin 2020, les fonds alloués au MJSAC ne représente que 0,5 pour cent. Au regard des missions et attributions de cette entité comportant trois grands secteurs, jeunesse, sports et action civique, il n’est un secret que le MJSAC est visiblement toujours traité en parent pauvre. Pourquoi ? Évoquons certains faits !
Dire que Haïti est un pays ayant des athlètes pétris de talents, et ce dans toutes les disciplines sportives, serait un truisme. Il suffit de jeter un œil sur les probants résultats sportifs du pays à l’échelle internationale. De ce fait, seules les autorités haïtiennes ne sont pas conscientes de ces faits avérés si l’on tient compte des qualifications ou participations d’Haïti à répétition en football, athlétisme, taekwondo, judo, natation, à une phase finale de Coupe du monde ou aux Jeux olympiques. À l’inverse, des pays comme le Brésil (football et volley-ball), la Jamaïque (athlétisme) ou, plus près de nous, la République dominicaine (base-ball) se servent du sport pour se développer. Mais pas Haïti. Pourquoi ? La faute à des dirigeants étatiques n’ayant aucune vision en matière de sport.
Les principales missions et attributions du MJSAC
Dirigé depuis tantôt 3 mois par le silencieux professeur Max Attys, le MJSAC garde et conserve toujours sa mission et ses attributions. Il s’agit de formuler la politique du gouvernement en matière de jeunesse, de sports et de civisme et mettre en œuvre cette politique ; de développer, coordonner et superviser les activités physiques et sportives ; d’ intégrer la culture sportive dans l’éducation à tous les niveaux ; de promouvoir la vie associative et l’encadrement de la jeunesse ; de promouvoir et de participer à la formation des cadres sportifs ; de promouvoir et de développer le sens du civisme et du patriotisme chez les jeunes sur tout le territoire national ; d’assurer une couverture adéquate du territoire national en infrastructures sportives ; de mettre en place des stratégies de détection et de formation de jeunes talents sportifs en collaboration avec les fédérations et de lutter contre l’usage des stupéfiants par la mise en place d’espaces d’échanges et d’épanouissement pour les jeunes.
Si les missions et attributions du MJSAC restent inchangées, le constat est bien différent pour le budget alloué à ce ministère qui ne fait que diminuer depuis 3 ans. En 2017, l’enveloppe du MJSAC était de 1 030 519 658 gourdes, ce qui représentait 0,79 pour cent du budget national. En 2018, il a été réduit à 800 millions de gourdes. Actuellement, le budget du MJSAC pour l’année 2020 passe à environ 600 millions de gourdes. Au regard de sa mission et de ses attributions, ce chiffre n’est visiblement pas en adéquation avec ce ministère comportant trois entités, jeunesse, sports et action civique 525 employés sont attachés aux services du bureau du titulaire du MJSAC alors que ledit ministère ne compte que 609 employés en tout sur le territoire national.
Avec 653 288 932 gourdes, visiblement, les secteurs sports, jeunesse et civisme sont toujours traités en parent pauvre, car cette somme ne représente que 0.5 pour cent de la totalité du budget national : 198, 7 milliards de gourdes.
Répartition des fonds alloués au MJSAC
Selon les prévisions du MJSAC, qui n’a pas encore de loi organique depuis sa création en 1979, ses dépenses personnelles s’élèvent à 392 356 286 gourdes, ses dépenses en biens et services 192 351 850 gourdes, ses dépenses en mobiliers 200 500 gourdes et autres dépenses publiques
104 825 000 gourdes.
Dire encore qu’il faut 18 033 060 gourdes pour payer les 609 employés ne fait que compliquer la situation de cette entité qui ne sert en réalité pas le sport. En somme, le MJSAC n’a aucune obligation de voler au secours des fédérations et associations sportives du pays engagées dans des compétitions régionales ou internationales. Point besoin de parler de l’organisation des compétitions sur le territoire national, car même le MJSAC n’a toujours pu organiser un vrai championnat scolaire à travers le pays.
Pourquoi le MJSAC est-il toujours traité en parent pauvre ? Peut-être parce que le sport, véritable vecteur de développement pour des pays ayant des autorités avisées, n’a aucune importance aux yeux de celles d’Haïti qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels, mais qui sont toujours omniprésentes et prêtes à faire des promesses (jamais réalisées) quand une sélection nationale ou un athlète réalise une performance hors du commun à l’échelle internationale. Bien qu’il soit, pour répéter certains observateurs, un outil négligé et souvent utilisé à des fins politiques, le MJSAC, privé de loi organique et qui n’a toujours pas les moyens de sa politique, vu l’importance du sport, mérite un traitement bien différent de celui infligé par des autorités étatiques visiblement incompétentes.
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