Depuis 2018, la presse sportive haïtienne (PSH) est cinquantenaire. Beaucoup de jalons sont donc posés et des millions de kilomètres couverts par plusieurs générations de plumes et micros sportifs. Revenons au point de départ pour l’édification de nos jeunes confrères et des futures générations de la PSH.
Un jeudi ensoleillé de l’année 1968 au grand journal de 1h30 PM de la MBC, le présentateur Joseph Solon (Djo Solon) lança sur les ondes une balle immédiatement interceptée par les auditeurs: «Au menu de l’émission LE PRINTEMPS DE LA VIE de ce soir figure une rubrique sportive qui sera animée par Jean-Claude Sanon, ancien joueur de l’Étoile Haïtienne». Une information reçue 5 sur 5 par la marée sportive nationale.
Il importe de noter qu’au cours de la décennie 60-70, le journal de 1h30 PM de la populaire station MBC représentait l’un des grands espaces où circulaient les informations dans le pays. Sur cette tribune médiatique résonnait la voix entraînante du regretté Djo Solon, l’une des grandes vedettes des ondes de cette époque. Il était un amant du ballon rond, un inconditionnel client du stade Sylvio Cator, un journaliste sympathique qui boucla sa longue carrière à la Radio nationale où il animait l’émission de musique rétro, c’était hier jusqu’au début des années 90.
D’autre part, avant les premiers pas de la presse sportive chez nous, c’est l’immortel Serge Ambroise qui assurait au stade Sylvio Cator la retransmission des matches internationaux et des sommets de la Coupe Pradel sur les ondes de Radio Port-au-Prince. Pour les autres rencontres non retransmises, il fallait attendre le lendemain pour connaître le résultat communiqué par Djo Solon au grand journal de la MBC.
Pour fermer cette parenthèse d’informations sportives très rétro, signalons que, en 1966, la retransmission des quinze matches de la Coupe François Duvalier remportée par la sélection nationale a été l’oeuvre de Serge Ambroise. Sur la même ligne que William Mc Intosh et Antoine Rodolphe Hérard qui enflammaient les ondes en retransmettant des rencontres animées lors des années 50, Serge Ambroise est un précurseur de la presse sportive haïtienne.
Et vint ce mémorable jeudi de 1968 où Jean-Claude Sanon offrit au public haitien la première rubrique sportive à l’émission LE PRINTEMPS DE LA VIE animée par le chevronné Maurice Duviquet et le jeune Marcus Garcia sur la tribune de la MBC. Un coup d’essai réussi, mais surtout un départ bourré de promesses pour la presse sportive en Haïti.
«C’était réellement un jeudi», me confia l’honorable Jean-Claude Sanon, mon invité spécial le 20 décembre 1999 sur la tribune de la Radio Étincelles de Brooklyn (New-York) où je l’avais offert comme cadeau aux sportifs haïtiens. Un jeudi oui, mais quelle date? « Franchement, je ne m’en souviens pas», m’a répondu le père de la presse sportive haïtienne sans la moindre hésitation.
Un an après le coup d’essai de 1968, les prouesses journalistiques de JCS se multiplièrent avec l’inauguration de la Radio Nouveau Monde (RNM) en 1969 sous le gouvernement de François Duvalier. Sur la grille de programmation figurait notamment « A TOUT SPORT » (7h-7h30 AM) qui permit au légendaire Jean-Claude Sanon de présenter la première émission sportive quotidienne du pays.
Peu de temps après, Yves Jean-Bart (Dadou) retrouva le timonier Jean-Claude Sanon sur le podium de la RNM pour constituer le plus imposant tandem de l’histoire de la presse sportive haïtienne.
Cette nouvelle corporation ne tarda pas à pousser d’autres branches sur le terrain médiatique avec l’ouverture en 1970 de la Radio Métropole alignant notamment le duo sportif André Guillaume-Robert Faton. Ce qui incita d’autres stations, telles que Radio Haïti Inter à observer cette cadence pour introduire une chronique sportive dans leur programmation. Pierre-Paul Charles et le regretté Kesner Aubry furent les premières voix sportives de la station de l’immortel Jean Léopold Dominique.
Une savoureuse histoire. De 1968 à nos jours, que de voix, que de plumes au service de la communauté sportive! Un cortège de médailles pour décorer les pionniers, les chroniqueurs de la 2e vague des années 70, ceux des autres générations d’hier et d’aujourd’hui. Maintenir vivante cette flamme, c’est le devoir de tous les confrères qui circulent sur ce circuit ouvert par le légendaire Jean-Claude Sanon, un jeudi étoilée de l’année 1968 au jardin de la MBC.
Raymond Jean-Louis
Membre de la 2e génération de la PSH.