Le tennis juvénile haïtien, par le biais de Richarlyne François et Fritzterson St-Louis, participe à deux tournois ITF-Cotecc à Porto Rico. Des points au classement mondial junior engrangés et une deuxième place obtenue, sont entre autres, les performances des deux talentueux joueurs haïtiens. À cet effet, Francky St-Louis, vice-président de la Fédération haïtienne de tennis, coach de l’équipe nationale, a répondu volontiers aux questions du Nouvelliste.
Francky St-Louis : Nous sommes à Porto Rico depuis tantôt deux semaines pour prendre part à tournoi ITC-Cotecc U-18. Au premier tour, chez les garçons, nous avons perdu en simple et en double. Parallèlement, chez les filles, si nous avons perdu en double au deuxième tour, en simple, nous avons atteint en revanche le troisième tour avec Richarlyne François. Grâce à cette belle performance, elle a pu obtenir cinq nouveaux points au classement mondial junior du tennis.
LN : Vu les qualités de vos athlètes, les résultats n’ont pas été bons apparemment ?
FS : Il est plus que normal qu’ils perdent parce qu’ils jouent contre des joueurs expérimentés et qui sont, de très loin, plus grands qu’eux. Pour jouer ce tournoi, il faut être âgé au moins de 13 ans, or Richarlyne François vient de célébrer à peine ses 13 ans. Il faut avoir aussi un » PIN (personal identification number) » de l’ITF. Il faut payer la Fédération internationale de tennis (ITF) pour l’avoir pour chaque athlète. À cet âge, nos athlètes ont devant eux cinq autres années même tournoi. Que je sache, c’est très intelligent de notre part. Ce faisant, ils acquièrent de l’expérience et en gagnent en confiance. Sans l’ombre d’un doute, ils seront les joueurs à battre avec le temps dans ce tournoi.
LN : Comment jugez-vous le niveau d’ensemble de ce tournoi ITF, réservé aux joueurs de 18 ans ?
FS : Laissez-moi vous préciser que c’est un tournoi de très haut niveau auquel participent des athlètes venus du monde entier (5 continents). Ils viennent rien que pour gagner des points. Pour y parvenir, ils ont consenti beaucoup de sacrifices (billet d’avion, frais d’hôtel et autres). Vu le niveau du tournoi, certains d’entre eux, après plus de deux ans de participation, n’ont pas encore gagné même un point. À l’inverse, imaginez-vous que Richarlyne (13 ans), malgré nos faibles moyens financiers, grâce à son talent, compte déjà 12 points dans le classement mondial junior.
LN : On dirait que Fritzterson St-Louis, dit Tatou, s’est absenté dans ce tournoi ?
FS : On avait participé également avec Fritzterson St-Louis au tournoi ITF-Cotecc U-14, car il n’avait pas eu la chance de disputer celui des U-18. Ainsi, la Fédération portoricaine de tennis avait accepté qu’il dispute le tournoi U-14. Il avait pu atteindre la finale. Ce n’est pas un mauvais résultat en soi pour lui, car il avait dû sortir le grand jeu pour s’emparer de la deuxième place.
LN : Quels sont les autres échéances d’Haïti à l’échelle régionale ou internationale ?
FS : Dès le 2 octobre prochain, on se rendra en République dominicaine pour disputer la Copa Mangulina. Une semaine après, toujours chez nos voisins, on jouera la Copa Mangu, le 8 octobre. Ces deux tournois se disputeront dans la catégorie des U-18. On est bien motivé à l’idée de donner une très bonne impression du tennis haïtien et de vendre Haïti autrement.
LN : Naomi Osaka, lors de sa visite en Haïti, avait prédit que Tatou et Richarlyne allaient briller au plus haut niveau du tennis mondial, mais pour cela, ils doivent être encadrés. Elle est une prophétesse selon vous ?
FS : Justement en octobre 2017, Naomi Osaka, lors de son passage au pays, avait assisté à une exhibition au cours de laquelle Richarlyne François et Fritzterson St-Louis l’avaient impressionnée. Je me souviens qu’elle avait dit : «Si ces jeunes sont bien encadrés, ils pourront devenir de grands joueurs de tennis». Elle avait raison, car ces deux jeunes impressionnent jusqu’ici.
LN : Où avez-vous trouvé les moyens financiers pour participer à ces tournois ?
FS : Je tiens à saluer et remercier le Comité olympique haïtien (COH). pour son support. Nos remerciements vont aussi à Honda S.A. Haïti, Bongù et la Fédération haïtienne de tennis. Ce sont eux qui nous ont aidés à y prendre part. On va rester quatre autres semaines à l’extérieur du pays. Ces tournois sont très coûteux. Rien que pour s’inscrire à ces tournois, il vous faut 50 dollars US par athlète. Que dire des autres frais: nourriture, hôtel, billets d’avion et autres.
Le Nouvelliste : Votre dernier mot ?
Francky St-Loyis : L’État haïtien a pour devoir d’investir dans la jeunesse du pays. Naomi Osaka est un bon exemple. Cependant, elle a brillé parce qu’elle avait du talent, et surtout, parce qu’elle avait l’aide financière de son père (Léonard François) qui ne fait qu’imiter le père des Williams (Venus et Serena). Par la fuite, le Japon fait le forcing financier en prenant en charge Naomi. Dieu seul sait combien de Naomi on a dans le pays, mais le niveau financier précaire des parents a empêché de voler au secours de ces jeunes. N’attendez pas la dernière seconde pour voler au secours de nos jeunes athlètes. Je saisis cette occasion pour m’adresser personnellement au président de la République Jovenel Moïse, la première dame, la ministre qui dirige le ministère des Femmes, jetez un œil sur la jeunesse sportive du pays, Richarlyne François en particulier, il serait honteux d’attendre qu’il soit trop tard.
Legupeterson Alexandre
lenouvelliste.com