Il s’appelait Jean-Marie Fritz Henry, médecin de profession, mais violettiste et sportif par passion. Il a exploité sa profession et sa passion saine pour servir son pays et son sport favori jusqu’à son dernier souffle.
Comme ses parents, ses partenaires et protégés du Violette, ses patients et ses amis de tous les horizons, le Dr Jean-Marie Fritz Henry, l’un des rares fleurons de notre pays, aimait ce surnom qui lui collait à sa peau et qu’il portait sportivement. On admirait cet ami modèle, ce sportif au grand coeur, ce père soucieux, cet adepte du fair-play et de la moralité qui représentait incontestablement en Haïti l’un des héritiers de l’immortel Thomas Sankara «le rebelle», considéré par plus d’un comme le prince de l’intégrité.
De plus, par sa sportivité débordante, sa courtoisie au niveau des relations humaines, sa simplicité et sa légendaire jovialité, l’attachant Tatach attirait la sympathie de ses proches naturellement, de ses amis et des sportifs de toutes les tendances. Voir impuissamment partir une telle personnalité, c’est révoltant. Son départ engendre un vide colossal au sein de sa famille. C’est aussi une perte énorme pour les footballeurs, les dirigeants et les associations sportives qui, après avoir laissé passer l’orage, se préparent en vue de lui rendre l’hommage national qu’il mérite.
Fan inconditionnel du doyen des clubs sportifs haïtiens depuis le biberon, Tatach a gravi tous les échelons au Violette athlétic club, du statut de fanatique à celui de président, pour terminer sa course bleu et blanc au CAVAC (le Comité des anciens du Violette). Comme les légendaires violettistes André Théard, Gérard Delpêche, Maréchal Mitton, Jean Cadet, Max Lelio Joseph, Jean Bernard, pour ne citer que ceux-là, le nom du Dr Jean-Marie «Tatache» Fritz Henry, vaillant combattant sportif, sera écrit à l’encre indélébile sur les murs du stade Sylvio Cator, le repère de sa passion pour le ballon rond.
Ainsi, après avoir courageusement et sportivement lutté contre la maladie qui l’a emporté, notre «Tatach» nous a quittés. Un coup terrible pour la grande famille du Violette, une monumentale perte pour le sport national. La douleur nous ronge jusqu’à la moelle, mais nous devons nous consoler. Parce que «Tatach» a gagné le combat sportif, le combat de la moralité, le combat de l’intégrité, le combat de la dignité.
La mort étant le complément ou le supplément de la vie, je m’attendais à ce triste dénouement en constatant qu’il ne me communiquait plus les résultats du Violette, ni ne lisait plus les messages que je lui envoyais sur Whatsapp. Finalement, la renversante nouvelle de son décès m’est parvenue très tôt dans la matinée du 22 décembre 2018. Adieu «Tatach», vénérable défenseur du sport national.
Pour fermer cette page émouvante, je relaie ce pathétique message qu’un poète camerounais avait adressé au magazine Jeune Afrique quelques jours après l’horrible assassinat du capitaine-peuple Thomas Sankara le 15 octobre 1987: «Ton silence ne sera jamais absence. Il est plutôt le commencement de la vie. Parce que être libre c’est aussi mourir.»
Mon frère et ami Tatach, je te passe sportivement et fraternellement ce message au nom des violettistes, au nom de tous les footballeurs et dirigeants haïtiens, au nom de toutes les associations sportives, au nom de la société sportive nationale, au nom de tous les adeptes du fair-play, au nom du respect mutuel, de la sagesse, de l’intégrité et de la loyauté que tu as dispensés à l’école de la vie tout au long de ta remarquable et victorieuse mission sur le territoire sportif haïtien.
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