Le Mondial des moins de 12 ans, actuellement organisé en Afrique du sud, est l’occasion de découvrir des sélections pour qui le fait même de participer suffit à leur bonheur. L’exemple haïtien est bouleversant.
Dans leurs maillots rouges, floqués HAITI, on les voit à peine. Venus de ce pays des Caraïbes frappé de plein fouet par le séisme meurtrier de janvier dernier, ces enfants flottent dans l’équipement officiel fourni par les organisateurs de la Danone Cup. Pour leur entrée dans la compétition, les jeunes Haïtiens, âgés de dix à douze ans, ont été battus par le Mexique (4-0), puis par la Libye (1-0). Avant de s’incliner une nouvelle fois (2-0) contre les Tchèques. « On va gagner le prochain, lance l’entraîneur Coriolam Mariot, qui n’a pas perdu sa bonne humeur. Avant les matches, mes joueurs ont physiquement peur. En voyant les adversaires, ils disent : ?’Oh, eux, ils sont plus âgés que nous ! » Et ils perdent confiance. » En réalité, les gamins d’en face ont leur âge. Simplement, ils sont plus grands, plus baraqués, plus… tout. « C’est lié à la nutrition », assure le coach haïtien, qui n’ignore pas que 80 % de ses compatriotes vivent en dessous du seuil de pauvreté.
« On fera de notre mieux »
Dix mois après le tremblement de terre, cette république insulaire – seul pays francophone indépendant des Caraïbes – panse toujours ses plaies. Le séisme a fait 225.000 morts et un million de sans-abri. Le minuscule gardien Jefferson observe, de loin, les équipes qui lui restent à affronter… Il n’a pas l’air rassuré en voyant les balèzes anglais ou les costauds italiens. « Je dis à mes joueurs de ne pas avoir peur. C’est difficile pour eux, mais on va travailler pour la prochaine fois, on ne va pas se relâcher, et on fera de notre mieux », promet Mariot.
Tous scolarisés
Ses joueurs ont été « grâce à Dieu », préservé de la catastrophe de janvier qui a surtout touché Port-au-Prince et l’ouest de ce pauvrissime pays des Grandes Antilles. Aller en Afrique du Sud pour jouer au football, même contre des joueurs largement plus costauds, mieux équipés et mieux harnachés, demeure donc un pur plaisir. « La richesse d’un joueur, c’est le travail. La richesse d’un homme, c’est l’école… Or, tous mes gamins vont à l’école. Ils ont cette chance-là ! » Et les p’tits footballeurs des « grands » pays possèdent, eux, la chance de pouvoir côtoyer des adversaires à la simplicité si vraie.